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Je suis AVS auprès d'un jeune garçon autiste de 12 ans SA depuis la rentrée scolaire. Et depuis 2 semaines environ , j'ai un gros souci avec lui.
Etant dans un collège privé, il a fait une préparation à sa profession de foi qu'il doit faire ces jours-ci. Or, il a été complètement perturbé depuis : il avait déjà tendance à avoir des angoisses de mort (surtout les morts violentes avec beaucoup de souffrance style, justement, crucifixion, pendaison, suicide par balle et autres réjouissances de ce genre...) mais cela a augmenté en puissance au point de perturber ses journées, il ne parle plus que de ça et c'est devenu pour moi très compliqué voire impossible d'entrer en communication avec lui (sauf si c'est lui qui le décide évidemment et encore, il arrête très rapidement si je ne vais pas dans son sens).
J'ai signalé à ces enseignants qu'il était très angoissé, en ce moment, qu'il ne fallait pas lui retirer sa boite remplie de fourmis mais je n'ai eu que très peu de réponses en retour.
J'ai laissé un mot dans ce sens à sa maman dans le cahier de correspondance que je tiens et qu'elle lit normalement tous les soirs mais je n'ai pas eu de réponses de sa part ou une quelconque explication.
J'ajoute qu'il joue ou regarde des jeux vidéos violents genre GTA où tout le monde se dézingue avec grand plaisir... Peut-être faut-il chercher de ce côté-là aussi mais j'avoue que je tâtonne quant à trouver ses véritables perturbations du moment...
Peut-être auriez-vous eu, en tant qu'enseignant spécialisé, à gérer un situation semblable ?

Bonjour, ce jeune garçon (SA ? que cela signifie-t-il ?) est-il scolarisé à temps plein sans soin ? Êtes-vous la seule à reprendre soin de lui et à vous inquiéter ? N'avez-vous aucun autre interlocuteur que les enseignants et la famille ? Connaissez-vous un peu son histoire ? N'y-a-t-il pas des personnes dans son parcours que vous pourriez contacter ? Sa boite de fourmis lui a-t-elle été enlevée ?
Je vous dirai que cela ne m'étonnerait pas que vous vous retrouviez totalement seule avec lui : à partir du moment où un enfant est scolarisé, sa souffrance et l'idée de soin sont évacuées : il doit suivre jusqu'à ce que quelque chose de grave fasse peur de lui.
Avez-vous l'impression que lorsqu'il parle de ses angoisses il s'adresse à vous (en donnant de signes qui montrent qu'il cherche à savoir si vous l'écoutez )?
Beaucoup de questions qui me viennent.

Bonjour,
Il est autiste syndrome d'Asperger. Scolarisé à temps plein, il voit une psychiatre une fois par semaine et son pédopsychiatre une fois par trimestre. Je connais très peu de choses sur son parcours sauf le fait que le portrait qui avait été fait de lui avant son entrée en 6ème était peu engageant : beaucoup de problèmes de comportement à l'école avec des écarts de langage très prononcés c'est-à-dire grossièretés et menaces envers les adultes. J'ajoute qu'il prend de la Ritaline depuis cette année pour pouvoir suivre les cours car il a en plus de grosses difficultés de concentration. Et il est vrai que cela lui permet d'être plus calme.
Même si les enseignants sont très ouverts à mes remarques à son sujet, il est tout à fait vrai que pour eux, comme vous le soulignez justement, du moment qu'il arrive à suivre les cours, faire ses évaluations adaptées, finalement il est à encourager pour le reste de l'année. Mais, ce qui m'inquiète, c'est à qui s'adresser, quand je constate que des obsessions morbides lui parasitent ses journées (sa mère ne répondant pas à mes questions sauf s'il a eu une punition). C'est l'éternel problème de positionnement dans le boulot d'AVS...
Pour répondre à votre dernière question, oui, grâce à une phrase ou une autre lancée à la va-vite à un moment où je ne m'attends pas - il vaut mieux être disponible à 100% dans ce cas-là et répondre très rapidement car il referme très vite sa porte !!
J'espère avoir répondu à vos questions et posez-en moi d'autres car je commence à y vois plus clair !!!

Bonjour,

J'ai lu avec attention votre message Aline. Je vous livre le fil de ma pensée à sa lecture...

Vous constatez une apparition de nouveaux 'symptômes', depuis deux semaines et vous y associez un travail fait au moment de la profession de foi. Il s'agit ici d'une interprétation et, même si l'association me semble pertinente, il reste important de bien poser cela comme une hypothèse pour l'instant. Et toute hypothèse se questionne...
Y a-t-il dans le discours " morbide" de l'enfant des éléments à connotation religieuse ? J'invite toujours à la plus grande prudence dans les liens de causalité, même si vous avez peut être ici une bonne intuition, continuez à vous interroger sur ce point d'apparition de nouveaux symptômes...
Pourriez-vous réfléchir à la teneur exacte de ses préoccupations, de ce qu'il vous donne à voir et à entendre ? Vous évoquez des angoisses de mort (mort violente) ... Si j'ai bien lu, ce sont des préoccupations insistantes, quelque chose qui revient, il y a donc un ratage et une jouissance, une question sans réponse suffisante pour le sujet.
Mais plus que la mort au sens existentiel, ne serait-ce pas le meurtre, ou plus encore l'agressivité qui est mis en questionnement ici ? La mort et l'agression sont très liées.
En questionnant la mort, on peut se demander si un enfant atteint de troubles de la relation ne mettrait pas en question la relation à l'autre dans ce qu'elle a de plus destructeur... plutôt qu'une valeur existentielle ou religieuse Je ne sais pas si j'arrive pas vous livrer mon questionnement ...

La religion, les rites religieux sont des perfusions à haute dose de symbolique, des codes pour régler justement cette relation à l'autre... Pensez au "tu ne tueras point"... qui a régulé notre culture (et bien sûr dans tu ne tueras point y a les deux messages... cf. guerre de religion)

Les enfants atteint de troubles de la relation ont une grande fragilité de la fonction symbolique... La rencontre avec la religion est sans doute difficile pour eux, mais peut aussi colmater un peu la défaillance de l'ordre symbolique (cf. les grands mystiques).

Deuxième point, votre rôle ici ...
Vous êtes témoin d'un nouveau symptôme... En êtes vous le seul témoin ? Il arrive qu'un symptôme s'adresse en particulier à quelqu'un, ou dans un espace précis... Vous avez donc bien raison d'interroger vos partenaires... Ont-ils aussi constaté ce problème ou pas ...
Repérer également les moments où l'enfant est plus envahi par ses préoccupations morbides... cela vous aidera peut-être à les mettre en sens.
Enfin, si les personnes que vous avez interpellé ne réagissent pas, c'est aussi un symptôme... L'indifférence n'est pas une réponse suffisante... Tout symptôme parle et interpelle... Pourquoi ce symptôme ne les interpelle-t-il pas... ou peut être pourquoi de ce symptôme ne veulent-ils rien entendre ?

Voilà beaucoup de questions que je me poserais dans votre situation

Bon courage à vous

Clairea.

merci beaucoup Clairea pour vos éclaircissements. Mes questionnements au sujet de ce jeune garçon se sont allégés grâce à vos remarques très justes et aussi à ce long week-end qui m'ont permis de prendre du recul. J'ai eu un peu de mal à me poser les bonnes questions mais il faut dire que passer toute une journée de classe avec un jeune autiste "parasite" parfois la logique de la réflexion.
Je repars pleine de courage afin de l'accompagner au mieux jusqu'à la fin de l'année scolaire

J'accompagne aussi un jeune avec syndrome Asperger mais au lycée, en première cette année (en seconde l'an dernier).
Je dois dire que les périodes de grandes angoisses, des discours de mort sont aussi présents.
Il avait un suivi psychiatrique l'an dernier qui a été interrompu, car la psy, en séance, trouvait qu'il allait bien !!!! alors qu'il lui arrivait de se taper la tète contre les murs à l'occasion.

Après un diagnostic du centre Ressource Autisme, il a commencé un suivi psychologique par une psy avec formation spécifique à l'autisme et je vois les progrès énormes qu'il réalise, combien il s'ouvre aux autres, combien ses "crises" sont moins fréquentes, comme il est arrivé à dire l'autre jour : "pourquoi je me prends la tête comme ça" et mettre fin ainsi à un processus qui auparavant aurait duré bien longtemps !

Simple témoignage. On peut approfondir, mais un"suivi" bien adapté au syndrome peut faire beaucoup !