Lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale
par Bénédicte Lamothe
parent, citoyenne, musicienne,
enseignante en musique indépendante,
éducatrice spécialisée
Monsieur le ministre,
Vous trouverez ci-dessous, une lettre qui a été écrite par des parents souhaitant vous exprimer leur désaccord vis-à-vis des réformes de l’éducation nationale que vous proposez.
Mais personnellement, en tant que parent, citoyenne, musicienne, et aussi enseignante en musique indépendante, éducatrice spécialisée, ayant travaillé tant dans le privé que dans le public, je tiens à exprimer mon avis propre sur cette question.
Vous n’êtes pas sans savoir que les mouvements de contestation des enseignants à l’encontre de votre réforme, sont de plus en plus importants, soutenus et relayés également par des parents, et des citoyens qui s’inquiètent pour l’avenir de l’école publique, et de leurs enfants.
Ce qui rend d’autant plus insupportable votre attitude de déni total lorsque vous vous exprimez dans les médias.
Ce qui est insupportable est le discours que vous tenez à l’égard des contestataires, à savoir qu’ils ne comprennent rien à vos réformes, ou sont mal informés, ou bien récupérés par les syndicats.
Il existe cependant des gens qui sont politiquement indépendants, qui n’ont jamais été syndiqués, qui ont une expérience de vie tout aussi valable que la vôtre, et également un cerveau pour réfléchir tout aussi valable que le vôtre, un sens critique et une capacité à se faire une opinion en fonction de ce qu’ils observent.
Des gens qui vont aussi aux urnes pour voter pour vous ou non.
Vous ne pouvez pas reconnaître à ces gens leur pleine responsabilité et capacité intellectuelle lorsqu’il s’agit d’aller voter, pour ensuite mépriser totalement ces même personnes, lorsqu’elles expriment leur mécontentement. Oui, le gouvernement a été élu démocratiquement, et oui il a autorité pour ensuite mener les réformes nécessaires, à condition qu’elles répondent à l’attente du peuple, et surtout à l’intérêt public.
C’est pourquoi lorsque des parents, citoyens, vous disent haut et fort que ce qu’ils découvrent dans vos réformes ne correspond absolument pas à l’intérêt de leurs enfants, futurs citoyens de ce pays, vous ne pouvez pas continuer à faire la sourde oreille, et à être dans le déni.
Il y a des gens qui ne sont pas dupes, Monsieur Darcos, de votre tentative de dénigrement des enseignants face aux parents. Il existe des parents qui savent reconnaître la qualité d’un service public bien rendu, et qui savent juger de la bonne volonté de ces professionnels à remplir leur mission d’éducation envers leurs enfants. Des parents qui ne jugent pas le système éducatif uniquement en fonction de résultats chiffrés. Nous existons, et entendons le faire savoir. La mission de l’éducation nationale est avant tout un défi humain, celui de permettre à chaque enfant de développer des compétences qui lui sont propres, afin de trouver sa place dans la société. C’est un défi bien plus difficile à relever que celui de formater des enfants afin qu’ils sachent “cocher les bonnes cases”. C’est ce défi que défendent les enseignants de conviction qui luttent aujourd’hui contre vos réformes. Vous souhaiteriez nous faire croire qu’en ces temps difficile ils trouvent très amusant de perdre des heures ou des journées de salaire pour désobéissance ? Moi, je sais que des gens passionnés, dévoués à leur mission, se battent aujourd’hui pour préserver une éducation égalitaire, et humaine. Et vos tentatives de division ne fonctionnent pas autant que vous le pensez.
Vous pouvez continuer de déclarer partout qu’il y a consensus, et prendre les contestataires enseignants, comme parents, pour des “imbéciles heureux”, sachez que nous sommes nombreux à ne pas douter une seule seconde de l’idéologie purement comptable et anti-pédagogique qui se cache derrière vos réformes. Nous sommes totalement et profondément opposés à votre vision de ce que doit être l’éducation nationale, et ne manquerons pas de vous le rappeler avec la même obstination que la vôtre à vouloir nous annuler.
Avec tout le respect que je vous dois.
Bénédicte Lamothe
Février 2009
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Cette lettre circule par courriel, anonymée.
Nous, parents, souhaitons exprimer notre inquiétude et notre colère grandissantes, face aux réformes de l’éducation nationale menées par Monsieur Darcos.
Nous sommes d’accord pour dire que le système éducatif n’est pas parfait, et qu’il y a des réformes nécessaires à mettre en place pour lutter contre l’échec scolaire.
Mais nous n’acceptons pas que ces réformes consistent à démolir aveuglément tout ce qui était justement constructif, pédagogique, et nécessitait, à l’inverse, plus de moyens encore, pour une éducation ouverte, accessible à tous.
Notre constat actuel, face aux différents changements imposés aux écoles, est celui d’une réduction, par tous les bouts et tous les moyens, des dépenses, dans une logique qui, sous couvert de bonnes intentions, se révèle être uniquement comptable au détriment total de la dimension humaine.
Cette tendance, nous l’observons concrètement à travers le “taillage à la serpe” des effectifs du personnel de l’éducation nationale, dans une démarche purement économique.
Nous ne sommes pas dupes de l’habillage démagogique de ces réformes, la fin des cours le samedi matin entre autres. C’est oublier que nous sommes parents et nous soucions bien plus de l’épanouissement de nos enfants à l’école que d’un samedi matin récupéré.
C’est en toute connaissance de cause que nous sommes pleinement solidaires, nous parents, du personnel de l’Éducation Nationale pour nous opposer et lutter de toutes nos forces et énergies réunies afin de contrer ces réformes qui mettent en danger l’École de la République, maillon essentiel, qui doit rester garante de la démocratie au-delà de tout courant politique.
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