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À propos des « sciences humaines »

 

Citations

Michel Foucault :

Inutile donc de dire que les « sciences humaines » sont de fausses sciences ; ce ne sont pas des sciences du tout.

Les mots et les choses, Gallimard, 1966, page 378.

On dira donc qu’il y a « science humaine » non pas partout où il est question de l’homme mais partout où on analyse, dans la dimension propre à l’inconscient, des normes, des règles, des ensembles signifiants qui dévoilent à la conscience les conditions de ses formes et de ses contenus. Parler de « science de l’homme » en tout autre cas c’est pur et simple abus de langage. (...) Mais cela ne veut pas dire pour autant que ce sont des sciences.

Ibidem, page 376.



Henri Wallon :

À proprement parler, il n’y a pas d’observation qui soit un décalque exact et complet de la réalité. À supposer, d’ailleurs, qu’il en fût de telles, le travail d’observation serait encore tout entier à entreprendre. Bien que déjà, par exemple, l’enregistrement cinématographique d’une scène réponde à un choix souvent très poussé : choix de la scène elle-même, du moment, du point de vue, etc..., c’est seulement sur le film, dont le mérite est de rendre permanente une suite de détails qui auraient échappés au spectateur le plus attentif et sur lesquels il lui devient loisible de revenir à volonté, que va pouvoir commencer le travail direct d’observation. Il n’y a pas d’observation sans choix ni sans une relation, implicite ou non. Le choix est commandé par les rapports qui peuvent exister entre l’objet ou l’événement et notre attente, en d’autres termes notre désir, notre hypothèse ou même nos simples habitudes mentales. Ses raisons peuvent être conscientes ou intentionnelles, mais elles peuvent aussi nous échapper, car elles se confondent avant toutes choses avec notre pouvoir de formulation mentale. Ne peuvent être choisies que les circonstances à soi-même exprimables. Et, pour les examiner, il nous faut les ramener à quelque chose qui nous soit familier ou intelli­gible, à la table de références dont nous nous servons, soit à dessein, soit sans le savoir.

La grande difficulté de l’observation pure comme instrument de connaissance, c’est que nous usons d’une table de référence sans le plus souvent le savoir, tant son emploi est irraisonné, instinctif, indispensable. Quand nous expérimentons, le dispositif même de l’expérience opère la transposition du fait dans le système même qui permettra de l’interpréter. S’il s’agit d’observation, la forme que nous donnons aux faits répond souvent à nos rapports les plus subjectifs avec la réalité, aux notions pratiques dont nous usons pour nous-mêmes dans la vie courante. C’est ainsi qu’il est très difficile d’observer l’enfant sans lui prêter quelque chose de nos sentiments ou de nos impressions. Un mouvement n’est pas un mouvement, mais ce qu’il nous semble exprimer... Et, à moins d’une grande habitude, c’est la signification supposée que nous enregistrons, en omettant plus ou moins d’indiquer le geste lui-même.

L’évolution psychologique de l’enfant, Chapitre II.



Luc Bouquiaux, ethnolinguiste, directeur de recherche au CNRS :

L’âge de la productivité n’a rien à voir en sciences humaines et dans les sciences dites dures. À de très rares exceptions près, jusqu’à 40 ans, on fait ses classes, les œuvres majeures sont produites généralement après la cinquantaine et largement au-delà de 60 ans, à condition d’avoir eu la possibilité de creuser inlassablement le même sillon dans le cadre d’institutions qui durent, et non d’équipes renouvelées au gré des modes et des lubies passagères. (...)

Il est bien connu que pour les « vrais » scientifiques, la publication n’est envisagée que sous forme d’articles dans des revues hiérarchisées, à comité de lecture et forcément anglophones, généralement périmés au bout de cinq ans. Les ouvrages ne sont au mieux que de larges synthèses ou des vulgarisations. Dans nos domaines, les livres constituent l’essentiel du véhicule de production, et certains ont une durée de vie qui dépasse le siècle. (...)

Il faudrait se pencher sur ce que signifie la découverte en sciences humaines. De Gaulle voulait des trouveurs et pas des chercheurs. À de rares exceptions près, liées aux parti­cularités de certaines disciplines, on ne « trouve » pas nécessairement quelque chose, ou ce qu’on trouve n’a pas de répercussion immédiate. La plupart du temps, on révèle à la communauté scientifique une réalité non encore répertoriée, on change la vision qu’on en avait jusque-là, ou on met en relief, par une approche inter­disci­plinaire, des liens qu’on n’avait pas entrevus entre certains aspects du réel.

Et les sciences humaines ? Dans La Recherche, N° 322, Juillet-Août 1999.



Jean Rostand

Je croyais qu’un savant c’était toujours un homme qui cherche une vérité, alors que c’est souvent un homme qui vise une place.

Carnet d’un biologiste, Stock, 1959, page 95.



Nicolas Durruz, professeur de pyschopathologie clinique à l’université de Lausanne

(...) les sciences humaines sont de nature plus indicielle que démonstrative.

Interview dans Le Monde du mercredi 9 mars 2005, page 24.

 
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Un texte de Daniel Calin
 

Quelques propositions

 

1/ Toute « science humaine » est d’abord et toujours une connaissance de soi.

2/ L’objectivation, fondatrice des sciences expérimentales proprement dites, est par définition impossible dans la connaissance de soi. Dans ces conditions, l’assimilation de n’importe quelle tentative de représentation des réalités humaines à une « science » est, selon le mot de Foucault, un « pur et simple abus de langage ». Ce n’est pas même un abus de concept, car il n’y a là aucun concept possible.

3/ Dans le domaine des sciences de la matière et de la vie, la naissance de l’esprit scientifique est passée par l’abandon des rêveries sur la matière et la vie, par le dégagement de ces « objets d’étude » de la gangue de projections anthropomorphiques qui nous empêchaient de les penser comme intrinsè­quement distincts de nous. Voir tout le travail de Gaston Bachelard. Dans les « sciences humaines », le problème est inversé. Le « scientifique » est inclus, lui, dans son « objet d’étude ». Il est ontologiquement et définitivement englobé par lui. Le problème n’est plus alors de dégager un objet d’études en lui-même ontologiquement distinct du chercheur des « coulées d’instincts »(1) dont l’hu­manité l’a chargé. Il est, ou il serait, de dégager le chercheur de l’humanité dans laquelle il est ontologiquement inclus. C’est en toute rigueur impossible. La tentation est grande, cependant, pour les aspirants à la scienti­ficité dans les « sciences humaines », de rompre leur inclusion ontologique dans l’humanité, en s’arrogeant ainsi une sorte de statut d’extra­territorialité par rapport à l’humanité ordinaire. Voir les points 5 et 6.

4/ Toute prétention à l’objectivation dans les sciences humaines est analysable uniquement en termes de « dénégation », voire de « déni ».

5/ Cette dénégation porte en particulier sur l’identité entre « soi », le « scientifique » en « sciences humaines », et son « objet d’étude », le « sujet » réduit à l’état d’objet d’étude, ou de matériau expérimental. L’idée de « sciences humaines » repose sur l’instauration d’une fracture radicale de l’humanité entre les « scientifiques » et les « humains », les premiers s’appro­priant le pouvoir de penser les seconds, et déniant à ces seconds le pouvoir de se penser raisonnablement eux-mêmes. Les « sciences humaines » ne sont pas seulement un « instrument » d’oppression au service de tous les prétendants à la domination d’autrui. Elles sont intrinsèquement, structurellement, oppressives.

6/ Une question (pour rire) : qui pense les « scientifiques » en « sciences humaines » ? Ou encore, en reprenant la question de Juvénal, « Qui garde ces gardiens ? »(6).

7/ La prétention expérimentaliste dans les sciences humaines est généralement proportionnelle à la vacuité et/ou à la fausseté de ce qui est ensuite présenté comme « résultats expérimentaux ». Comme ils s’enra­cinent dans une longue tradition, bien antérieure à la naissance des sciences expé­rimentales, les historiens ont généralement la modestie ou l’intelligence de ne pas prendre une pose « scientifique ». Aussi servent-ils plus souvent une réelle connaissance de l’humanité que nos modernes « scientifiques » en « sciences humaines ».

8/ Inversement, les seules « zones » des prétendues « sciences humaines » où l’on puisse trouver des apports pertinents pour penser l’humanité (soi inclus !) sont les « zones » dans lesquelles on pose d’abord la question de l’implication propre du « chercheur » dans son « objet d’étude ». Ce n’est guère sérieusement le cas qu’en psychanalyse, en ethnologie, et bien sûr en histoire. Encore faut-il, même en ces domaines, ne pas se contenter de poser la question en introduction pour s’empresser de l’oublier ensuite...

9/ Les sciences humaines, erronées comme valides, modifient leur objet d’étude. Un individu ou une société qui ont modifié les représentations qu’ils avaient antérieurement d’eux-mêmes sont transformés par cette seule modification, voire bouleversés par elle en profondeur. Les représentations en général, et les représentations de soi en particulier, sont des composantes pour le moins très importantes de toutes les réalités humaines, individuelles comme collectives. Toute prétention sérieuse à améliorer la connaissance de l’humanité par elle-même doit passer par une confrontation préalable à cette question. Il faut donc ajouter au principe énoncé dans le point 1 un deuxième principe fondamental des « sciences humaines » : Toute « science humaine » est d’abord et toujours une modification de soi.

10/ Ces analyses ne visent pas à rejeter toute possibilité d’améliorer la connaissance que l’humanité a d’elle-même, mais à borner raisonnablement les conditions d’un tel progrès. Les représentations que nous avons actuellement de nous-mêmes, individuellement comme collectivement, ont certainement un degré de validité très supérieur dans l’ensemble à celles que pouvaient avoir d’eux-mêmes les membres des sociétés tribales ou de la société médiévale... Mais cela n’est vrai qu’à un niveau très général, « culturel » en quelque sorte. Les chamans des sociétés tribales avaient une meilleure connaissance de leur humanité que bien des gourous de mode ici ou là dans nos modernes « sciences humaines ». Plus sérieusement, les progrès en ce domaine ne tiennent pas seulement à des acquisitions intellec­tuelles de spécialistes, à des « décou­vertes »  dans les « sciences humaines ». Elles tiennent au moins autant à des évolu­tions structurelles de nos sociétés, éducatives et politiques en particulier. Les connaissances que l’humanité acquiert sur elle-même ne peuvent être que l’œuvre collective de l’humanité, et le progrès de ces connaissances ne peut être qu’un des aspects de l’évolution globale de l’humanité. La modestie, et la capacité à s’inclure personnellement dans ce travail de l’humanité sur elle-même, sont proba­blement des gages supérieurs de réussite en ce domaine que, par exemple, la « rigueur expérimentale ». Certains artistes, ou certains hommes politiques, apportent plus de conscience à l’humanité que bien des laborantins des prétendues « sciences humaines ».

11/ Enfin, il semble nécessaire de rappeler que l’être humain n’est pas tant un objet d’étude qu’un sujet, actif et créatif. Contrairement aux molécules chimiques ou aux microprocesseurs, l’être humain est l’acteur de ses conduites et de ses pensées. Comme le disait Sartre, l’homme est condamné à être libre(2), l’homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l’homme(3). Quand on le pense comme objet, on ne pense guère que tout ce qui pèse sur sa liberté ontologique fondamentale, en oubliant ou déniant l’essentiel de ce qui le constitue. À savoir cette liberté radicale, et la responsabilité(4) radicale qu’elle détermine. Tout enseignant un tant soit peu sensé et sensible sait bien, d’ailleurs, que les prédictions que permettent par rapport au devenir des élèves les diverses théories présentes sur le marché des idées sont réguliè­rement mises en échec par ces petites flammes obstinées et insoupçonnables qui vacillent derrière les regards les plus désespérés ou les plus désespérants.

Daniel Calin
1999-2001

 
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Correspondance

Jean-Jacques Ducret m’a fait l’honneur de me faire part de ses réactions aux propositions ci-dessus. Cela m’a donné l’occasion de clarifier ma position par rapport aux « sciences humaines », sur un mode moins polémique. Il a bien voulu ensuite m’accorder l’autorisation de publier ici notre brève E-correspondance. Je l’en remercie, comme je lui sais gré de m’avoir amené à compléter et affiner l’expression de ma pensée.

 

Le 28 mai 2001

Ayant pris connaissance de votre texte très critique sur les sciences humaines, j’ai envie de vous communiquer le sentiment qu’il a éveillé chez moi.

Psychologue et épistémologiste de formation, élève et ancien collabo­rateur de Piaget(5), il faut d’abord que je vous dise qu’il m’arrive parfois de m’élever contre le positivisme assez crasse de beaucoup de chercheurs en psychologie. Mais inversement, les textes de quelques philosophes que j’ai parfois l’occasion de lire me font m’irriter de la légèreté et de l’immodestie avec lesquelles ils émettent des jugements contre le travail des chercheurs. C’est une telle irritation qu’a engendrée la lecture de votre texte (par contre j’ai bien apprécié vos autres documents trouvés sur le WEB).

Bien qu’une science telle que la psychologie ne puisse certainement pas atteindre le niveau d’objectivité atteint par la physique (celle-ci parvenant à contrôler même la part inévitable d’intervention du sujet physicien dans l’étude de ses « objets »), il est possible d’accomplir parfois dans nos disci­plines le mouvement d’objectivation (à entendre en un sens naturellement critique) que vous dénigrez beaucoup trop légèrement dans votre texte. Certes, le recours à des observations contrôlées ou à des expérimentations est très souvent lié à des questions de peu d’importance (comme vous le souli­gnez). Mais il arrive qu’une telle démarche ait des implications profondes. Je vous donne un seul exemple : l’enfant de 2-3 ans maîtrise-t-il le nombre, et, si oui, quelle notion de nombre ? Pour répondre à cette question, très actuelle en psychologie du développement, dont vous ne nierez pas qu’elle est intéressante à la fois du point de vue de l’épistémologie (qu’est-ce que le nombre ?), du point de vue de la connaissance des connaissances de l’enfant et du point de vue pédagogique, il me paraît important que l’on adopte la posture laborieuse et patiente du chercheur qui entreprend une série d’enquêtes susceptibles, non pas d’apporter une réponse définitive, mais un début de réponse en partie empiriquement basée, plutôt que de recourir à la seule spéculation philo­sophique (dont je ne nie pas qu’elle puisse elle aussi enrichir la réponse à donner à cette question).

Cordiales salutations,

Jean-Jacques Ducret

 

Le 28 mai 2001 au soir

Il ne faut pas trop prendre au pied de la lettre mon texte : c’est un texte d’humeur plus que de réflexion, à l’encontre de ce que vous-même nommez « le positivisme assez crasse de beaucoup de chercheurs en psychologie ». En l’occurrence, avec la mode néo-comportementaliste actuelle, nous assistons à une déferlante de stupidité arrogante, et je supporte très mal que ces pitres dangereux prétendent apprendre quoi que ce soit aux futurs enseignants !

Je me suis beaucoup intéressé à Piaget, et beaucoup formé en le lisant. Je continue à l’utiliser comme référence de base dans mes activités de formation. Je n’oppose surtout pas Piaget et la philosophie : Piaget avait lui-même une forte formation philosophique, et son œuvre peut être lue pour une bonne part comme un dialogue avec Kant.

Je reprocherais plutôt à Piaget d’être trop philosophe, d’être plus un philosophe (épistémo­logue surtout) qu’un « vrai » psychologue (à mes yeux, bien sûr).

À vrai dire, je ne défends en rien la philosophie contre la psychologie expérimentale, et je ne me situe que difficilement et très partiellement comme philosophe. Ce que j’oppose à la démarche expérimentale, ce n’est pas la « spéculation philosophique » (???), mais plutôt quelque chose comme la démarche clinique, ou encore la démarche éthologique. Je pourrais dire aussi « l’observation participative ». Vous prenez l’exemple du nombre chez des enfants de 2-3 ans. Ma démarche spontanée et privilégiée (mais je ne récuse pas forcément les autres, sauf arrogance, stupidité manifeste ou dogmatisme envahissant) serait de jouer et parler avec ces enfants, de trébucher et bégayer avec eux, de communiquer et travailler avec eux, en gardant dans ma tête un espace pour observer et recevoir ce qu’ils me donnent à voir... C’est ce que je retiens de la démarche psychanalytique : notre subjectivité n’est pas, dans la connaissance de l’être humain, un obstacle à la connaissance, mais d’abord l’outil central de la connaissance. Bien sûr, comme tout outil, il faut apprendre à s’en servir. Cela prend du temps : d’où la justesse de la remarque de Luc Bouquiaux quant à l’âge avancé de la productivité en « sciences humaines ».

Au bout du compte, pour ce qui est de la connaissance des fonctionne­ments intellectuels des enfants, je suis parti de Piaget. Et je n’ai cessé de le mettre peu à peu en charpie au contact des enfants réels, ou plutôt en plongeant dans la relation avec des enfants, de toutes sortes. C’est bien loin de la spéculation philosophique !

Je vous remercie, en tous cas, d’avoir pris la peine et le temps de me faire part de vos remarques. Je vais probablement utiliser ce courrier, un de ces jours, pour « compléter » mon texte de façon plus posée, et plus explicite quant aux démarches et attitudes qui me semblent les plus pertinentes.

Cordialement,

Daniel Calin

 

Le 29 mai 2001 au matin

Merci pour votre réponse. Je pressentais que votre position était moins catégorique que ce que votre texte (ce seul texte-là) suggérait, sinon je ne vous aurais pas envoyé un message. Pour ma part, je pense aussi que l’approche éthologique est précieuse. Ce que je retiens avant tout de mes longues études de psychologie génétique, c’est l’apport de la méthode comparative. Mais par ailleurs je suis aussi plutôt convaincu que la psychologie génétique relève également des sciences de l’interprétation.

Cordialement,

J.-J. Ducret

 
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Notes

(1) L’expression est de Gaston Bachelard.

(2) L’existentialisme est un humanisme, Collection Pensées, Nagel, Paris. Page 37.

(3) Idem, page 38.

(4) Faut-il rappeler que Sartre nommait mauvaise foi toutes les attitudes de déni de notre liberté fondamentale, et salaud celui qui met ce déni au service de la fuite de ses responsabilités ? Il est de multiples figures de cette mauvaise foi, et de multiples incar­nations des salauds sartriens...

(5) Voir : Jean-Jacques Ducret, Jean Piaget (Biographie et parcours intellectuel), Dela­chaux et Niestlé, Neuchâtel/ Paris, 1990.

(6) « Sed quis custodiat ipsos custodes ? », Satires, XV-331.


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Dernière révision : samedi 18 janvier 2014 – 21:00:00
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