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Certificats d’aptitude à l’enseignement des sourds-muets
Programmes

 

Annexe à l’arrêté du 23 avril 1946


Journal officiel de la République française – Jeudi 2 et Vendredi 3 Mai 1946 – Pages 3745-3746


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Enseignement général

A. Examen du premier degré

1. – Le surdi-mutisme

Nature et causes de la surdi-mutité. Les variétés de la surdité et du mutisme. Rapports entre les variétés du mutisme et celles de la surdité.

Connaissances acquises par l’enfant normal au cours de la démutisation naturelle.

Influence des diverses variétés de la surdité et du mutisme sur le développement intellectuel de l’enfant sourd-muet avant, pendant et après la scolarité. Aptitude de l’enfant sourd-muet à l’instruction.

Le sourd-muet dans la société. Eléments de statistique. Organisations et publications des sourds-muets.

Les sourds-muets anormaux mentaux.

2. – Anatomie et physiologie de l’appareil vocal et de l’appareil auditif.

L’appareil auditif : oreille externe, moyenne, interne, nerf auditif, centre cérébral. Rôle de chacun d’eux dans l’audition.

Organes de la respiration : poumons, cage thoracique, bronches, trachée artère. Acte respiratoire.

Organes de la phonation. – Larynx, cartilages, cordes vocales, muscles. La voix : mode de formation de la voix, mesure des divers facteurs dont elle dépend. Observation des cordes vocales. Qualités du son vocal : hauteur (voix chantée, voix parlée). Intensité, timbre, durée. Etendue de la voix. Conditions générales à réaliser pour commencer, tenir et terminer une émission vocale.

Organes de l’articulation. – Le pharynx. La bouche, cavité buccale, langue, palais. Fosses nasales. Voile du palais. Mâchoires, lèvres, joues. Leur rôle dans la production de la parole.

3. – Acoustique.

Acoustique physique. – Propriétés des mouvements vibratoires. Propagation des vibrations : ondes, réflexion, réfraction et interférence des mouvements vibratoires. Production du son. Amplitude. Vibration simple. Vibration double. Propagation du son : onde sonore, longueur d’onde.

Qualités du son : hauteur, intensité, timbre. Qualités du son considérées dans le langage.

Distinction des sons et des bruits. Les voyelles et les consonnes au point de vue acoustique.

Mesure de la hauteur des sons. Intervalles musicaux. Harmoniques. Réflexion, réfraction et interférences des ondes sonores. Vitesse de propagation du son.

Instruments producteurs de sons : lame métallique, diapason, cordes sonores. Appeaux et sifflets. Tuyaux sonores.

Phénomènes de résonance. Analyse et synthèse des sons. Timbre et perception des sons.

Acoustique biologique. – Audition aéro-tympanique et audition osseuse. Seuil de l’audition. Seuil de la douleur. Acoumétrie. Audiométrie. Audiomètres. Audiogrammes. Prothèse auditive. Divers types d’appareils amplificateurs individuels et collectifs.

4. Psychologie.

Introduction et généralités. – Objet et divisions de la psychologie. Ses rapports avec l’enseignement des sourds-muets. La psychologie du sourd-muet.

La conscience. L’inconscient. L’organisme et la vie mentale. Le milieu social et la conscience individuelle.

L’habitude.

L’attention. Son importance dans l’enseignement.

L’intelligence. – Les sensations. Les perceptions. La faculté de globalisation chez les tous jeunes enfants.

L’abstraction et la généralisation.

La mémoire.

L’association des idées, le jugement, le raisonnement.

L’imagination créatrice. La représentation de l’avenir.

Le langage :

a) utilité et nature : divers systèmes de « signes ».

b) Lien qui unit le mot à l’idée.

c) Opérations mentales, mises en jeu par la perception et l’émission du langage oral et écrit chez l’homme normal et chez le sourd démutisé.

d) Le mot et l’idée (mots à acceptions multiples, synonymes, groupes de mots exprimant une seule idée).

e) Valeur comparative du mot et du geste comme instrument de la pensée.

f) La fonction de « globalisation ». Son application à la perception du langage oral (lecture labiale) ou écrit (lecture)/ Est-elle applicable à l’émission du langage (articulation, écriture) ?

L’intelligence. – Les tests et l’enseignement des sourds-muets. Les sourds-muets anormaux mentaux.

La sensibilité. – Le plaisir et la douleur. Les émotions. Les tendances. Les passions.

L’activité. – L’activité spontanée. L’activité volontaire. Le caractère. La personnalité.

5. – Enseignement de la langue et des diverses disciplines scolaires aux sourds-muets.

A) Les éléments de la langue française.

Nécessité d’un programme de langue française spécialement élaboré pour les écoles de sourds-muets. Ses deux parties : vocabulaire, grammaire.

1° Vocabulaire. Choix, classification et gradation des mots qui le composent, êtres et choses, qualités et manières d’être, actions).

2° Grammaire. Choix, classification et gradation des notions grammaticales.

(Notions grammaticales relatives aux êtres et aux choses, aux qualités et manières d’être, aux faits de la vie mentale.)

B) Méthode pour l’enseignement de la langue et des diverses disciplines scolaires aux sourds-muets.

Rapports de l’enseignement de la langue aux sourds-muets avec l’enseignement primaire, l’enseignement des langues vivantes et avec l’acquisition du langage par l’enfant normal ;

Caractères généraux de la méthode.

a) Comment on provoque l’évocation des idées chez l’enfant sourd ?

b) Comment on associe l’idée à son signe dans l’enseignement de la langue au sourd démutisé ?

c) Est-il nécessaire de choisir les notions à présenter aux élèves ?

d) Quels moyens de communication convient-il d’établir entre le maître et l’élève dans l’enseignement de la langue ?

e) Classification et dénomination des méthodes possibles. Leur valeur comparative ;

Enseignement du vocabulaire.

a) Formes à donner aux leçons de vocabulaire : enseignement occasionnel ; enseignement méthodique (mots isolés, phrases isolées. Scènes de la vie, récits, leçons de choses, dialogues, leçons mixtes) ;

b) Caractères communs aux différentes formes que revêt l’exposé d’une leçon de vocabulaire ;

c) Précautions à prendre pour faire comprendre et retenir le sens des mots ;

Enseignement des notions grammaticales.

a) Nécessité d’un cours spécial de grammaire et formes à donner aux leçons de grammaire : enseignement occasionnel ; enseignement méthodique (variations introduites dans les leçons de vocabulaire, exécutions d’ordres et comptes rendus d’actions, jugements formulés sur les êtres, les choses et les faits, interrogations) ;

b) Précautions à prendre pour faire comprendre et retenir les notions grammaticales ;

De l’application de la langue apprise (vocabulaire et notions grammaticales). Exercices propres à provoquer l’application de la langue apprise à l’expression des besoins, des réflexions et des sentiments de l’élève et du maître dans leurs rapports quotidiens.

Enseignement occasionnel.

Enseignement méthodique : conversation et dialogue.

Journal de classe. Correspondance de l’élève avec sa famille.

Descriptions de gravures ; narrations.

Lectures et comptes rendus de lectures.

Méthodes d’enseignement au sourd démutisé et au demi-sourd des diverses disciplines scolaires. Histoire, géographie. Mathématiques. Sciences physiques, naturelles et appliquées. Instruction civique. Droit usuel. Morale et démographie. Dessin à vue. Dessin professionnel. Culture physique. Travail manuel et enseignement ménager.

Rapports généraux des méthodes appliquées avec la pédagogie normale et la pédagogie anormale.

L’organisation pratique de la classe. Horaires. Leçons (exposé, récitation). Devoirs (préparation, confection et correction).

6. – Enseignement de la parole et de la lecture aux sourds-muets. – Éducation auditive.

A) Phonétique descriptive. – 1° Mécanisme général de la formation des sons de la parole,

2° Les voyelles. Mode de formation. Rôle, dans l’émission des voyelles, de chacun des organes mis en jeu. Divers modes de classification des voyelles ;

3° Mes consonnes. Caractères distinctifs des voyelles et des consonnes. Divers modes de classification des consonnes ;

4° Classification générale des éléments phonétiques ;

5° La syllabe. Ses caractères. Flexions organiques aux lèvres, à la langue, au maxillaire ;

6° Union des voyelles entre elles (hiatus, diphtongue). Association des consonnes entre elles ;

7° Le mot et la phrase : rythme, accentuation, intonation ;

8° La perception de la parle par le sourd-muet : la lecture sur les lèvres, son mécanisme, la suppléance mentale.

B. Notions de phonétique expérimentale. – Enregistrement des sons de la parole. Le palais artificiel et les divers appareils enregistreurs.

C) Méthode pour l’enseignement aux sourds-muets et aux demi-sourds de la parole, et de la lecture sur les lèvres. Éducation auditive,

Méthode globale et méthode de construction.

a) Caractères essentiels de la démutisation naturelle chez l’enfant normal ;

b) Les diverses méthodes de démutisation artificielle de l’enfant sourd-muet.

Méthode de construction. Caractères. Avantages. Inconvénients.

Méthodes globales ou de décomposition. Caractères communs et distinctifs.

La méthode globale belge. Exercices d’identification. Lecture idéo-visuelle. Ecriture globale. Lecture sur les lèvres globales. Gymnastique buccale. Exercices de respiration.

Enseignement global de la parole.

Discussion de cette méthode. La théorie et la pratique.

But et valeur des exercices. Résultats escomptés et résultats obtenus.

Préparation de l’enfant sourd-muet à la parole.

a) Examen des élèves. Variété du surdi-mutisme auquel appartient l’élève (âge d’apparition et degré de la surdité) ; restes d’audition ; examen intellectuel ; examen de la vision ; des organes phonateurs ; infirmités autres que la surdi-mutité. Indications fournies par cet examen.

b) But de la préparation de l’enfant à l’enseignement de la parole. Observation et reproduction du modèle. Respiration, phonation, articulation.

L’enseignement de la parole.

Emission vocale. Défauts et corrections.

Enseignement des voyelles. Choix des mots contenant les voyelles à l’étude. Marche à suivre. Corrections des défauts.

Enseignement des consonnes. Choix des mots contenant les consonnes à l’étude. Marche à suivre. Corrections des défauts.

Enseignement de la syllabation. La syllabe n’est pas la somme des sons qui la composent. Syllabation simple. Divers types de syllabes. Altérations et modes de correction.

Association des voyelles entre elles. Hiatus. Diphtongue.

Association de voyelles et de diphtongues.

Association de consonnes entre elles.

Le rythme, l’accentuation, l’intonation dans le mot, la phrase, la langue parlée, la lecture. Pauses, inspirations, liaisons.

Perfectionnement de la parole du sourd-muet démutisé.

Utilité des exercices d’articulation jusqu’à la fin des études ‘mots nouveaux, phrases nouvelles, mots-types, phrases-types.

Comment on enseigne la perception de la parole au sourd.

a) Lecture sur les lèvres ; ses diverses formes : lecture sur les lèvres globale, lecture sur les lèvres visuelle phonétique.

Conditions dans lesquelles se font les exercices.

Ils ont lieu pendant le cours de langue. Utilité d’exercices spéciaux pour faciliter la suppléance mentale.

La vitesse du débit doit être normale. Comment remédier aux défaillances de la lecture sur les lèvres.

b) Éducation auditive. – Audition brute et audition différenciée.

Mesure de l’ouïe des sourds parlants. Choix des élèves aptes à recevoir une éducation auditive.

Technique de l’éducation auditive à la voix nue et avec les divers types d’appareils individuels et collectifs.

Résultats de cet enseignement.

D) Procédés orthophoniques applicables aux entendants.

Défauts d’articulation. Bec de lièvre. Fissure palatine. Accents étrangers et provinciaux. Défauts portant sur les voyelles et sur les consonnes.

Défauts de la voix. Voix nasillarde, rauque. Voix de fausset. Voix inspirée. Voix fausse.

Troubles de l’élocution. Bégaiement. Bredouillement. Balbutiement. Achoppement syllabique. Aphasie. Mutisme consécutif à blessure et à traumatisme.

B. – Examen du deuxième degré

Historique de l’enseignement des sourds-muets

A) Généralités.

Objet et utilité d’un discours historique.

B) Les sourds-muets avant la naissance de la pédagogie spéciale.

L’antiquité. L’ancien testament. La littérature grecque (Hérodote, Hippocrate, Aristote). La littérature latine (Plaute, Lucrèce, Martial, Pline l’Ancien, Pline le Jeune). Les Hébreux. Le Talmud. Les chrétiens. Le nouveau testament. Le moyen âge (Saint-Augustin, le code justinien, Bède le Vénérable, Bartole, Agricola). Le début des temps modernes (Rabelais, Cardan). Contribution fournie par cette période.

C) Les précepteurs des sourds-muets.

L’Espagne (Ponce, Bonet, Ramirez de Carion). L’Angleterre (Digby, Bulwer, Wallis, Holder, Dalgarno). Les Pays-Bas (Van Helmont, Amman). L’Allemagne (Pasch, Camerarius, Schott, Kerger, Raphel, Lasius, Arnoldi). La méthode allemande avant Heinicke. La France (Le testament olographe du sourd-muet Guibal 1679, Etienne de Fay, Lucas, le père Vanin, Péreire, Ernaud). L’Italie (Fabrizio d’Acquapendente, Lana-Terzi, Pierre de Castre). Contribution fournie par la période de préceptorats.

D) Les écoles de sourds-muets.

1. – L’abbé de l’Epée créateur de l’enseignement public pour les sourds-muets. Son enseignement, ses disciples, sa méthode (mimique pure). Controverses avec Péreire et Heinicke.

2. – L’abbé Deschamps et l’école d’Orléans (méthode mixte).

3. – Heinicke et l’école de Leipzig (méthode orale pure). Controverse avec l’abbé de l’Epée.

4. – Les disciples et successeurs de l’abbé de l’Epée. L’abbé Sicard (méthode intuitive et mimique). Bébian premier censeur de l’institution nationale des sourds-muets de Paris (méthode intuitive et mimique).

E) Les précurseurs de l’école moderne.

Degérande et J.-J. Valade Gabel : méthode intuitive et graphique. L’enseignement de la parole : docteur Itard, Désiré Ordinaire, maison Dubois, les frères de Saint-Gabriel, les sœurs de la Sagesse, docteur Blanchet, Houdin, Vaisse ; fondation des cours normaux.

F) L’école moderne.

Congrès les plus importants. Congrès de Milan (1880) : la méthode orale pure, le rapport de Claveau.

La méthode orale-graphique.

Principaux établissements et maîtres réputés en Europe et en Amérique.

Les grands problèmes de l’enseignement des sourds-muets.

 
Nota bene : quelques erreurs textuelles manifestes ont été corrigées.


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Dernière révision : jeudi 01 mars 2018 – 15:15:00
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