Un texte d’Eugène Michel
Pour les humains, la compréhension augmente avec l’invention successive et l’affinement des outils que sont les sens, les gestes, la parole et l’écrit.
Comprendre le monde est devenu aujourd’hui la capacité à expliciter les phénomènes par les mots, qu’ils soient prononcés, écrits ou seulement pensés.
La compréhension permet à l’évidence d’orienter les décisions. Cette démarche est si efficace qu’aujourd’hui, nous voulons tout comprendre. Tout phénomène stable ou récurrent semble pouvoir être déduit d’un enchaînement logique.
Il y a trois domaines principaux où nous nous efforçons d’augmenter notre compréhension : le monde minéral, la vie et la psychologie.
Au 20e siècle, les avancées dans les deux premiers domaines ont été considérables. C’est le 3e domaine qui reste lacunaire, en particulier pour la relation entre les motivations individuelles et le fonctionnement neuronal.
Les sous-domaines de compréhension sont si nombreux que la spécialisation a pris de l’ampleur. L’excès de spécialisation provoque un manque de compréhension générale dommageable pour l’individu aussi bien que pour la collectivité. Sans vue synthétique, les décisions sont prises en fonction des rapports de force des spécialistes.
Accéder à un niveau de connaissance équilibré entre les trois domaines de compréhension – de la matière, des êtres vivants, et de l’individualité – pourrait être un objectif éducatif.
23 novembre 2015
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