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Chronique 36
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Un texte de M. Barthélémy
 

J’ai découvert la situation de Chrystelle en juin de l’année dernière : scolarisée en grande section, née à la fin du mois de décembre de l’année de sa classe d’âge, elle n’avait pas fini de grandir, encore toute empêtrée dans sa relation à elle-même et à sa maman, dernière d’une fratrie de quatre dans laquelle elle se sentait bien, sans grande envie d’aller voir à l’extérieur. L’école, en catastrophe, envisageait pour elle un maintien, éloignée qu’elle était du lire/écrire.

Sauf que, dans mon département, par une application à la lettre et restrictive des textes en vigueur, de maintien en maternelle, il n’y en a pas, sauf cas très exceptionnels à soumettre à l’IA, essentielle­ment les situations de handicap...

Me voici donc requis pour « faire passer la pilule » aux parents, déjà bien briefés par le service de soins qui indique, dans le certificat adressé à la MDPH, que la fillette n’est pas en situation de handicap, mais seulement en retard d’apprentissage. Et la MDPH de valider le plan de compensation, et d’ouvrir un PPS au bénéfice de Chrystelle... Et l’IA d’accepter le maintien en grande section.


Juin de cette année. Chrystelle a pleinement tiré parti de son maintien, s’est ouverte aux autres, attend pour bientôt un petit frère, a construit les prémisses du lire/écrire et du nombre, attend avec impatience, avec ses camarades de la classe d’âge suivante, le passage au CP.


Tout ça pour ça...

Durant un an, pour ses parents, pour elle-même, pour les adultes qui gravitent autour d’elle, cette fillette aura été... handicapée. On peut toujours dire et écrire « situation de handicap », dire et écrire que c’est un « étiquetage temporaire », dire et écrire que c’est une simple « formalité administrative », le résultat est là. Chrystelle aura été autorisée à grandir, à récupérer les quelques mois qui lui auront fait défaut du fait d’une date de naissance tardive, sous la bannière du handicap. Grandir à son rythme, pour elle, était devenu un handicap...

C’est inquiétant dans ce que ça décrit d’incapacité de l’École à prendre en compte les besoins particuliers des enfants, en toute occasion, et pas seulement dans les situations jugées handicapantes.

C’est révoltant dans ce que ça suppose comme regard sur le handicap et sur les enfants qui en sont porteurs : une simple « formalité administrative ».


Y’a des jours, je me demande pourquoi je me suis levé...

M. Barthélémy
09 juin 2009

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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