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Chronique 38
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Un texte de M. Barthélémy
 

J’ai longtemps eu du mal avec le secret médical : soit il me semblait qu’il entravait un réel travail en partenariat, les médecins attendant beaucoup des enseignants sans « lâcher » grand chose qui aurait pu aider ces derniers en retour ; soit, dans la même veine, il me convainquait, si besoin était, de la toute puissance médicale et, plus précisément, enfonçait le clou d’une médicalisation à outrance de notre société.

Je n’ai que peu évolué sur ces deux points : le recours systématique à une explication biologique m’énerve toujours autant ; l’incapacité des médecins à faire simple et à mettre à la disposition de chacun des éléments qui peuvent aider à mieux faire au quotidien aussi.

Mais paradoxalement j’ai beaucoup évolué quant au secret médical : il est le dernier rempart contre la barbarie (et je ne suis pas dupe qu’il peut aussi être la porte d’entrée du fascisme...). Sans secret médical, pas de confiance. Sans confiance, pas de libre choix éclairé et consenti. Sans libre choix, le renvoi aux parents des choix qu’ils ont à faire pour leur enfant handicapé est au mieux leurre, au pire manipulation.

Je suis devenu d’autant plus intransigeant sur ce chaînage-là que les manquements graves au secret médical et à la déontologie professionnelle sont désormais monnaie courante dans les rouages dans ou pour lesquels je travaille. Tout se sait, sur tout le monde ; toutes les informations circulent sans précaution particulière ; à aucun moment, les principaux intéressés ne sont tenus au courant des informations qui circulent sur leur compte ou celui de leur enfant.

Tel pli cacheté d’un médecin ou d’une psychologue scolaires est ouvert et lu par une secrétaire ; telles informations sont récapitulées dans un tableau informatique qui circule sur le Net ; telle pathologie est livrée en pâture aux enseignants, dont ils ne savent pas quoi faire ou qui les sidère, les immobilisant dans leur inventivité pédagogique.

L’enfant n’y gagne rien. Il est enfermé dans une étiquette qui donne l’illusion de la scientificité et renvoie au médical exclusivement l’accompagnement dont il pourrait bénéficier. Il devient un enjeu statistique pour obtenir telle ou telle ouverture de tel ou tel dispositif. Il ne bénéficie plus à terme de l’accompagnement des professionnels de l’école qui, échaudés, gardent leurs informations par devers eux.


La mise à toutes les sauces du secret médical, du secret professionnel, partagé ou non, de la confidentialité, sans que personne ne sache qui relève de quoi en termes de catégorie juridique, jette le trouble sur des rapports qui nécessitent d’êtres confiants et ouverts entre tous les partenaires qui œuvrent autour de la situation d’un jeune. Le secret médical, respecté, rend possible ce partenariat. Les entraves ne sont liées qu’aux personnes, pas à l’existence de ce secret qui, au contraire, protège le jeune.


En d’autres termes : non à la médicalisation sans fin qui a plus à voir avec la toute-puissance qu’avec le « pas nuire » hippocratique ; oui au secret médical qui, permettant la confiance, ouvre au choix libre et consenti.

M. Barthélémy
23 juin 2009

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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