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Chronique 5
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Un texte de M. Barthélémy
 

Dans ma besace, toutes sortes de gamins mal-en-point, parce que la nature capricieuse en a décidé ainsi, ou le mauvais sort, la maladie, l’accident, ou des conditions de vie qu’on n’imagine même pas possibles.

Les parents de ces gamins-là survivent tant bien que mal, comme ils peuvent, du désintérêt le plus total à la surprotection la plus étouffante – le plus souvent grâce à un amour incommensurable. Le plus souvent aussi avec une immense envie, sinon de comprendre (le fatalisme parfois aide à vivre...), du moins de savoir. Et de s’enquérir de l’étiquette que la médecine accole à leur enfant dans l’espérance qu’ainsi il va s’en sortir, que le remède miracle va y aider, ou les avancées de la science, ou une manière de s’y prendre qui n’a pas encore été tentée.

C’est sur cette misère que prospèrent les officines, les sectes et les charlataneries de tous bords qui attisent l’espoir et conduisent, au mieux, à un grand vide, au pire, parfois, à un désespoir mortifère.

Je hais ces quelques-uns qui prospèrent sur le malheur de ces quelques autres qui n’ont que leurs larmes pour pleurer, leur amour pour cuirasse et la vie, la vie toujours recommencée, comme moteur. Ces associations qui, par leur entrisme le plus intrusif dans la vie des familles, se targuent de guérir l’autisme. Ces rebouteux qui, par quelques applications de pendules déjantés, les convainquent de la guérison proche, toujours repoussée cependant. Ces piluliers, dignes des plus grands trusts pharmaceutiques, qui vendent leurs potions placebo.

La presse inféodée aux puissances de l’argent, dans ses analyses les mieux argumentées ou ses micro-trottoirs les plus démagogues, nous rebat les oreilles de la manière dont les syndicalistes prendraient en otages les usagers lors de tel ou tel mouvement social. Ces piluliers, ces rebouteux, ces associations, je le dis ici, prennent en otages les parents de mes gamins handicapés. Et ajoutent à la misère du monde, sans qu’aucun Pierre Bourdieu, sans qu’aucun Victor Hugo ne se lèvent.

Quand on se bat au bout du possible, tout espoir est bon à prendre, toute branche est bonne à saisir. Quand on profite de cet espoir-là pour en faire du gras, quand on tend cette branche-là la sachant pourrie, on n’est rien d’autre qu’un salaud. Moins minuscule, je serais bien le Sartre de ces salauds-là...

M. Barthélémy
23 septembre 2008

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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