Dissonance cognitive
Un texte de Laurent Carle
Psychologue scolaire
« Les collégiens et lycéens restent très attachés au redoublement »
C’est le titre d’un article du Monde de l’éducation, daté du 27 janvier 2015, signé par Aurélie Collas.
Extraits :
« Les collégiens et lycéens perçoivent bien les effets négatifs du redoublement. Et pourtant, ils restent très attachés à cette pratique. 80 % perçoivent le redoublement comme une seconde chance, 73 % comme un moyen d’améliorer ses résultats scolaires. »
« Près de 70 % sont opposés à sa suppression. »
Pourtant :
« 64 % des collégiens et des lycéens interrogés estiment qu’il démotive et diminue la confiance en soi. »
Avec un sondage sur la dictée, sur les devoirs du soir, sur les notes, sur les punitions « pour le travail », sur les bienfaits de la « phonologie », sur les méfaits de la « globale », sur les « troubles du langage » ou sur le « déficit lexical », on obtiendrait de plus forts pourcentages encore. Parce que croire est plus facile que penser, on renonce volontiers à la raison pour des croyances, fables et légendes. Surtout si elles sont partagées par la majorité de l’opinion. L’opinion, c’est cette foule compacte qui pousse tout le monde dans la même direction. Entraîné par le mouvement, on ne songe même pas à choisir sa voie. Quand les croyances se heurtent à la réalité, c’est la foi qui décide, qui dit la vérité. Les herbes folles de la théorie scolaire élémentaire, ces fausses vérités qui tiennent lieu de savoir pédagogique, occupent l’esprit de nos contemporains, profanes et enseignants. Aujourd’hui, les philosophes de « notre temps » reconnaissent le « bon professionnel » à sa capacité de reproduire, sans les moderniser ni les critiquer, les pratiques scolaires « républicaines », et les théories moralisatrices du XIXe siècle qui les justifient, des maîtres de son enfance, qui, à l’époque, reproduisaient déjà celles de leurs maîtres, qui... Un maître vertueux exerce en antiquaire scrupuleux. Ses références survivent à toutes les réformes, à tous les changements. En prêchant idées reçues, fables et mensonges à un troupeau de crédules, les idéologues, gardiens du temple, dominent et contrôlent la « pensée pédagogique » exprimée dans les sondages.
Leurs prédications sont entendues.
Laurent Carle
Janvier 2015
* * *
*
