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Théorie de l’extensio et croissance économique

 

 
Un texte d’Eugène Michel


 

Résumé : La croissance économique est la forme d’extensio des pays qui aujourd’hui s’exacerbe au niveau mondial. Son inévitable saturation entraînera la mise en place de régulations mondiales. D’autres modalités d’extensio, plus sophistiquées, devraient alors apparaître.

 
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Selon la théorie de l’extensio, la vie a pour principe de base d’élargir sans cesse, d’une façon ou d’une autre, sa relation au monde. Chez les humains, on peut déceler plusieurs étapes du développement qui sont rendues possibles par l’acquisition successive des outils de relation croissante avec le monde : les sens, les gestes, la parole et l’écrit. C’est l’accroissement neuronal qui permet l’invention en gigogne de ces quatre outils.

Pour l’extensio, la croissance, phénomène inséparable de la reproduction, est d’abord corporelle depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte, en insistant sur la prodigieuse multiplication neuronale.

Cependant, le mot « adulte » s’avère paradoxal. Il signifie « qui a grandi », ce qui suppose que la « croissance » est achevée. Mais pourquoi la croissance aurait-elle un terme ?

L’extensio affirme que la croissance ne s’arrête jamais. Relevons par exemple l’accumulation des souvenirs et du savoir, et ce qu’on nomme l’expérience. Dans le dualisme corps / esprit, l’idée que le corps arrive vers la vingtième année à un état construit final permet de donner toute la place à l’essor de l’ « esprit ».

Pour la théorie de l’extensio, la croissance d’un individu n’est rien d’autre que l’extension, qui cherche à se prolonger durant toute la vie, de sa relation au monde.

La croissance est visible aussi dans l’évolution phylogénétique. La croissance, vue comme une extension du champ relationnel, s’opère en diversités et en quantités.

Que pouvons-nous en déduire au niveau des nations ?

D’abord, il faut souligner que les pays ont de grandes chances de fonctionner selon les mêmes principes de base que les humains, puisqu’ils en émanent. Ainsi, un pays est une entité qui se définit par son extension perpétuelle. On peut appeler cette extension « croissance ».

Cela explique bien entendu les immémoriales attitudes impérialistes et colonisatrices. Mais il est à prévoir qu’un pays diversifiera de toutes les manières possibles son extension. Ce sera d’abord par le nombre d’habitants, puis par l’occupation géographique, ensuite par la puissance économique, le rayonnement de la langue et de la culture, etc.

Le nombre d’habitants et leur longévité est l’élément crucial. Il y a près de 250 000 habitants en plus par jour. Entre 1999 et 2011, la population mondiale est passée de 6 à 7 milliards (source Wikipédia). C’est vertigineux. L’humanité s’avère si prolifique qu’elle finit par s’inquiéter des limites d’occupation de la planète. Quant à l’espérance de vie moyenne dans le monde, elle atteindrait les 70 ans.

L’extension géographique reste la cause principale des guerres actuelles. Il faut espérer que les rivalités ethniques ou internationales se stabiliseront un jour pour faire place à des concertations depuis l’échelon local jusqu’au mondial.

Quant à l’extension économique, elle s’est généralisée. La « mondialisation » n’est rien d’autre que l’accession au pouvoir économique d’un grand nombre de pays. L’ancienne triade dominatrice Etats-Unis – Europe – Japon se voit concurrencée de toutes parts. La Chine, l’Inde, la Russie, l’Asie du Sud-Est, le Brésil, etc., laminent les espaces réservés, ce qui s’objective aisément dans l’évolution du classement des multinationales.

On comprend alors que les nations « occidentales » craignent pour leur croissance. L’innovation devient l’arme stratégique incontournable et la course au financement de « projets » provoque un emballement des dettes.

Or, l’un des indicateurs principaux de la croissance est le produit intérieur brut. Le PIB mesure la richesse produite chaque année par un pays. Son augmentation par habitant laisse supposer une amélioration du niveau de vie et la création d’emplois.

Au regard de la théorie de l’extensio, on ne doit pas s’étonner que l’accroissement du PIB prenne aujourd’hui une telle importance. Ce chiffre n’indique pas seulement l’augmentation de richesse, mais également l’état de compétitivité par rapport aux autres pays. Car si notre PIB s’oriente vers une diminution, d’autres PIB connaissent des croissances importantes. Les produits extérieurs bruts mangent notre PIB !

Dans la première moitié du 20e siècle, l’extension excessive des grands pays européens s’est fracassée sur les deux guerres mondiales. La deuxième moitié du 20e siècle a vu la diversification de l’extension à travers les cinq continents. Cette nouvelle mondialisation provoque une inquiétude aussi bien pour l’écosphère que pour la géostratégie.

Alors, une question apparaît : quand la population sera saturée en nombre, quand les pays seront stabilisés dans leurs frontières, quand la concertation rééquilibrera les pénuries, dans quel domaine l’extension pourra-t-elle se propager ?

Il faut espérer que ce sera dans le domaine de l’épanouissement physique de chacun. Un vaste champ relationnel s’affinera, depuis la sensibilité sensorielle et l’émotion affective jusqu’à l’imaginaire, dans une continuité d’appartenance aux groupes, du plus proche au plus lointain, et dans la sauvegarde de notre environnement.

Eugène Michel
Septembre 2015

 
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Dernière révision : jeudi 24 septembre 2015 – 14:00:00
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