Un texte d’Eugène Michel
Certains hommes et femmes produisent une œuvre si créative que l’on se demande comment ils font. On les appelle des génies et le mystère reste complet sur leur survenue inopinée.
Il y a une volonté première : chercher. La volonté de recherche ne relève pas chez les génies du caprice ou de l’obnubilation, elle leur est intrinsèque. Pas d’écart pour eux entre chercher et exister.
Mais s’il n’y avait que cela, le génie serait simplement un chercheur. Or, il dispose d’une aptitude fondamentale supplémentaire : l’intuition de la bonne direction. Le génie se comporte comme un chercheur d’or qui découvre un filon improbable dont l’exploitation ne revient qu’à lui seul.
Le génie estime que des pans entiers de non-compréhension subsistent dans le savoir humain et que leur résolution est à portée de la main. La perspicacité de recherche caractérise le génie. C’est flagrant chez, par exemple, Buffon, Darwin, Pasteur et Freud.
On pourrait penser que le génie émerge au hasard. En fait, sa chance est d’avoir grandi dans des circonstances qui correspondent idéalement à la problématique de la recherche possible.
Cependant, la grande force est d’avancer résolument à travers les obstacles. Et d’accepter la solitude. Le découvreur sait que, proportionnellement aux enjeux, ce qu’il trouve ne sera pas reçu rapidement, les résistances sont la règle.
D’où le fameux mot de Buffon rapporté par Héraut de Séchelles : « Le génie n’est qu’une plus grande aptitude à la patience. »
14 mars 2016
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