Chronique 14
Quand la devise républicaine sert d’horizon au référent
Un texte de M. Barthélémy
Liberté
Garant de la continuité et de la cohérence du parcours scolaire du jeune dont je suis le référent, j’ai à voir avec la recherche qui est la sienne d’accomplir son désir de liberté, cette puissance vitale qui le pousse à grandir et à exprimer la plénitude de ses potentialités. Ma place de point fixe dans un parcours de vie nécessairement mouvant lui garantit, à ce jeune qui se constitue comme être humain en étant l’autre de quelqu’un avec lequel il n’est pas dans une relation de dépendance (affective, éducative ou thérapeutique), qu’il est libre de me choisir comme de ne pas le faire. Mais que je resterai ce point fixe auquel il mesurera le parcours accompli, libre des choix qu’il aura faits, dans le cadre contraint des limitations imposées par son handicap.
Égalité
Ce flux de vie, qui occupe tout l’espace laissé vacant par les contraintes, tend de manière incoercible vers un point entropique, vers la convergence qui fonde l’humain, celle de l’égalité possible, qui s’actualise dans le projet du groupe et dans la volonté de chacun. Cette égalité n’est pas un donné de la vie, mais une construction de l’humain, arc-boutée entre les deux pôles de l’inégalité relationnelle de fait entre le jeune à l’école et l’adulte référent. Cette différence d’existence fonde l’égalité d’essence, le jeune handicapé est différent dans son devenir, mais identique dans son être, humainement humain.
Fraternité
Grande oubliée de notre vivre ensemble, c’est bien la fraternité qui fonde en les justifiant les missions du référent. Elle me rappelle que travailler avec l’autre, voire travailler sur l’autre, c’est renoncer à la toute-puissance, c’est avouer ne pas savoir mieux que l’autre et à sa place ce qui est bon pour lui, c’est œuvrer en second pour que l’autre se réalise dans sa liberté, tendant vers l’égalité, c’est accepter d’être l’appui sur lequel le jeune peut se construire pour s’en passer peu à peu. Ni Dieu ni maître, juste étai ou point d’appui.
M. Barthélémy
25 novembre 2008
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