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Chronique 2
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Un texte de M. Barthélémy
 

J’ai donc accueilli les auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour leur rappeler le cadre de leurs missions et leur confier les élèves qu’ils (elles, surtout) devront accompagner cette année. Dans la salle, une quarantaine de têtes, certaines connues (quelques unes accompagnent pour leur 6ème, et dernière, année), d’autres nouvelles, jeunes souvent, moins parfois, quelques rares hommes, des timides, des “à l’aise”, ...

Toutes savent qu’elles font ce travail pour un salaire compris entre 50 et 80 % du SMIC mensuel, à raison de 18 à 33 heures par semaine selon les contrats, sur 39 semaines. Concrètement, cela signifie qu’elles gagnent entre 583 et 933 euros brut par mois. Pour la plupart, il s’agit de leur revenu principal, qu’elles complètent par quelques cantines, quelques garderies ou centres aérés le mercredi et le week-end.

Leurs missions :

« • Accueillir l’élève handicapé et l’aider, entre autres, dans ses déplacements.
• Aider l’élève à effectuer les actes de la vie quotidienne qu’il ne peut faire seul, en raison de son handicap (toilettes, prise de repas, aide matérielle...).
• Favoriser la communication entre l’enfant et ses pairs.
• Favoriser la socialisation de l’élève handicapé.
• Contribuer à assurer à l’élève des conditions de sécurité et de confort. »

Ça peut signifier être à côté de Ludovic dont la pensée “s’échappe” pour l’aider à rester sur la tâche proposée par l’enseignant ; reformu­ler les consignes de ce dernier en termes identiques ou de manière différente (y compris par gestes, pictogrammes ou par écrit) en tenant compte des “entrées” privilégiées de Fatiha ; exécuter la tâche sous la dictée de Matthieu ou selon ses indications. Mais ça peut aussi vouloir dire offrir une présence rassurante, contenante, voire “maintenante”, à Erwan qui se jette contre les murs lorsqu’on s’approche de lui, que les lumières sont trop fortes ou que le bruit ambiant dépasse un seuil pour lui tolérable ; aller à la salle d’eau avec Manon huit à dix fois par jour pour la changer du fait d’une malformation de l’appareil digestif. Ou encore pousser le fauteuil de Lounès et le protéger durant les récréations de tout mouvement un peu brusque ; aider Icham à manger durant le temps de cantine pour lui éviter une fausse route.

Sans compter les temps de préparation avec l’enseignant, les réunions de concertation ou de suivi, les quelques trop rares mercredis dévolus à la formation.

Car, depuis la loi du 11 février 2005, Ludovic, Fatiha, Matthieu et les autres ont le droit d’être scolarisés dans l’école dont dépend leur domicile : adaptations, aménagements et compensations doivent suivre et être mis en place, par les communes, la Santé, l’Éducation nationale. Et sans “leurs” AVS, Ludovic, Fatiha, Matthieu et les autres, ne pourraient pas prétendre à cette scolarisation au plus près de l’ordinaire.

À quel prix pour eux, j’y reviendrai. Mais dans quelles conditions pour les AVS ? Sans formation spécifique au handicap, sans autre ressource souvent que le recours, précieux, à leur bon sens, assumant parfois en totalité l’accueil et l’accompagnement de l’élève dont l’enseignant se décharge sur elles, glanant comme elles peuvent les informations indispensables pour ne pas faire d’erreur ou commettre d’impairs, les auxiliaires de vie scolaire sont les chevilles ouvrières d’une loi qui ne les a pas prises en compte, d’un fonctionnement qui ne leur octroie aucune considération, d’un État qui considère comme viles besognes les tâches qu’elles remplissent tout en s’autorisant d’un altruisme compassionnel peu respectueux des personnes. À quand un statut pour les AVS ? Un concours ? Un recrutement qualifiant ? Une formation spécifique ?

“Mes” AVS, je leur dédie cette année scolaire – et les chroniques que j’y consacre...

M. Barthélémy
02 septembre 2008

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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