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Chronique 7
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Un texte de M. Barthélémy
 

La loi du 11 février 2005, en donnant une définition extensive et environnementale du handicap (« [...] toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant »), a sans doute beaucoup fait pour sortir des ghettos dans lesquels elles sont enfermées les personnes handicapées et pour lever un peu les stigmates dont elles sont socialement marquées.

À l’école, cependant, cette loi a l’immense inconvénient d’être arrivée à un moment où l’Éducation nationale voyait ses moyens considérablement amoindris, en particulier par la précarisation renforcée des aides éducateurs et la diminution drastique de leur nombre. Les enseignants avaient pris l’habitude de pouvoir faire accompagner les élèves les plus en difficulté par des aides, souvent étudiants, qui palliaient le manque crucial de moyens des RASED. La loi de 2005, en scindant l’aide aux élèves en difficulté et l’accompagne­ment des élèves handicapés, a reporté sur celui-ci l’essentiel des moyens humains dévolus à celle-là. Désormais, seuls les élèves reconnus handicapés pouvaient bénéficier d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS). Les enseignants, qui continuaient de scolariser les élèves en grande difficulté d’apprentissage et se voyaient contraints (ils le firent pour la plupart « de bon cœur ») de scolariser les élèves handicapés, se trouvaient démunis. Pourtant (le système est parfois plein de naïvetés), une manière de détourner les moyens pour le bien du plus grand nombre fut de demander des MDPH, avec l’appui le plus souvent des familles et des pédopsychiatres, des projets personnalisés de scolarisation avec AVS pour des élèves qui furent reconnus en situation de handicap dans le champ « mental » pour des troubles des apprentissages.

Ce faisant, les élèves handicapés « classiques » (handicap moteur, handicaps sensoriels, graves maladies psychiques ou du dévelop­pement) furent dépossédés des moyens d’accompagnement légitime dont ils ont absolument besoin. On se trouve désormais devant le paradoxe suivant : le nombre des CLIS, des UPI et des AVS a augmenté de manière significative et aurait presque pu suffire à combler les besoins. Mais l’inflation du nombre de situations de handicap reconnues par la MDPH, pour des élèves en grande difficulté scolaire ou sociale sous couvert de handicap mental, a « déshabillé » les élèves handicapés sans leur assurer tous les moyens d’une intégration individuelle réussie.

Qui trop embrasse mal étreint, ou le mieux est l’ennemi du bien – tous proverbes dont mon grand-père raffolait et qui disent à leur manière naïve que le chemin reste à accomplir...

M. Barthélémy
07 octobre 2008

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