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Chronique 9
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Un texte de M. Barthélémy
 

Il faisait beau sur Paris ce dimanche, le génie scintillant déjà au soleil de la Bastille alors que piétinait encore la foule compacte et bon enfant place d’Italie. 32.000 selon les forces de l’ordre curieusement absentes le long du cortège, 80.000 pour les organisations professionnelles ou syndicales – le décalage, au choix, fait sourire ou attise la révolte. Pour avoir parcouru à la descente puis à la montée, l’ensemble du parcours, je peux témoigner qu’ils étaient nombreux, parents, enseignants, retraités, pour dire haut et fort, à défaut d’être entendus, que l’École est précieuse parce que précieux sont nos enfants.

De quoi s’agissait-il ? « Un pays, une école, notre avenir » clamait les banderoles des organisateurs. Tout y est : une nation se reconnaît dans son école pour fonder, jusque dans le futur anticipé dès maintenant, le vivre ensemble.

Las ! Les coups de boutoir sont tels, et tellement tous azimuts, que chacun y allait de son quant-à-soi. Les profs d’histoire-géo qui venaient d’apprendre que leur matière deviendrait sans doute optionnelle au bac (a-t-on besoin de citoyens qui savent d’où ils viennent pour choisir où ils veulent aller ?). Les conseillers d’orienta­tion-psychologues dont les missions d’orientation sont désormais dévolues aux professeurs principaux des collèges et des lycées et les missions de psychologues remises en cause, y compris par un sénateur ci-devant socialiste. Les profs de sciences, si souvent tentés par des sirènes industrielles, qui découvrent que leurs disciplines quittent subrepticement les programmes nationaux.

Au milieu de ces revendications, justifiées mais ô combien isolées, comme en fil rouge, les collègues des RASED moribonds essayaient de motiver les troupes, rappelant, mouches du coche dérisoires, que la difficulté d’apprendre est notre lot commun, et que quelques professionnels qui tentent d’y remédier, ça peut servir. Ils essayaient, et ils y parvenaient, les bougres !, faisant remonter le niveau sonore d’une manifestation étirée et somnolente, aidant à repeindre d’un sourire des visages fatigués et comme déjà vaincus, tissant de groupe en groupe le lien qu’ils avaient mission de tisser dans l’école et dont on vient de les priver.

Personne ne s’y trompait : aux abords de la place où tant de manifestations ont accosté, où tant d’histoires, petite et Grande, se sont écrites, où tant de décisions furent prises, le cortège s’écartait, formait une haie d’honneur à ces serviteurs des petits de nos écoles, ces sans-grades que l’on abandonne, laissant les larmes couler sur les joues de ces collègues qui jusqu’au bout ont cru qu’il est possible de donner plus à ceux qui ont moins.

RASED : 1990-2008. 18 ans, c’est un peu tôt pour mourir...

M. Barthélémy
21 octobre 2008

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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