... Humeurs ...

Des textes de Daniel Calin


Je publierai à l’occasion sur cette page des réactions plus ou moins épidermiques à divers événements ou publications en lien avec les problèmes auxquels ce site est consacré : l’enseignement spécialisé, les questions d’éducation, la psychologie de l’enfant et de l’adolescent. Page à géométrie variable, vouée à l’occasionnel, à l’éphémère, voire à l’irréflexion...

Début 2006 : Cette page ne sera plus alimentée. Elle est désormais remplacée par mon “blog”, L’écume des heures, qui utilise une technologie logicielle mieux adaptée à ce type de publications.



Sommaire

Article de Michel Lévy  Voir, ailleurs sur le Web, un article de Michel S. Lévy, d’une qualité et d’une originalité exceptionnelles : Dyslexie, hyperactivité, dysphasie : pédopsychiatrie ou neuropédiatrie ?.


 

 

Du CNEFEI à l’INUAIS, puis l’INSFREJHEA

Mars 2005

L’article 87 de la loi du 11 février 2005 pour les personnes handicapées charge le CNEFEI, rebaptisé Institut national universitaire de l’adaptation et de l’intégration scolaires, de l’animation et de la coordination de l’ensemble des formations AIS. Neuro-comportementalisme pour tout le monde, et champagne pour les petits protégés de la gauche ministérielle et de la droite raffarinienne réunies ! Le, pour l’instant encore, CNEFEI confirme ses compétences pointues en lobbying : réussir à se faire promouvoir institut de référence pour les formations à la difficulté scolaire par une loi consacrée au handicap, chapeau les artistes !

Voir le projet de décret qui met en musique cette “innovation”.

30 décembre 2005

Finalement, ce ne sera pas l’INUAIS, mais l’INSFREJHEA, à savoir l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés ! Ça flashe ! Voir le Décret n° 2005-1754 du 30 décembre 2005 relatif à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés.

25 décembre 2007

Suite à une remarque faite sur Le forum des enseignements spécialisés, voici quelques précisions concernant mes accusations à l’encontre de l’ex-CNEFEI (dont le nouvel acronyme officiel est INS HEA en version simplifiée) :

  • Mes critiques ne concernent pas la préparation au DDEEAS, qui a toujours constitué un monde à part à Suresnes et dont je n’ai jamais entendu personne contester la qualité.
  • Elles ne concernent pas non plus les formations aux troubles sensori-moteurs, qui sont la vocation traditionnelle de Suresnes. Les neurocomportementalistes se gardent bien d’ailleurs de mettre les pieds dans ce secteur ancien, solide, confié presque nécessairement à de vrais professionnels.
  • Les choses ont tourné au vinaigre quand Suresnes a créé une option D, qui n’était pas du tout dans son secteur traditionnel. C’est là que Suresnes est devenu, très publiquement d’ailleurs, le cheval de Troie des cognitivo-comportementalistes. Cela lui a valu la reconnaissance des promoteurs politiques de cette idéologie calamiteuse, Kouchner et Royal en particulier, laquelle s’est traduite par l’absorption destructrice de l’excellent CNEFASES de Beaumont-sur-Oise, dont les formations aux difficultés scolaires et aux handicaps mentaux étaient la spécialité traditionnelle, mais qui ne s’était pas plié aux injonctions des relais politiques du neuro-comportementaliste.
  • Je présente mes excuses aux collègues de Suresnes qui ont pu se sentir injustement accusés : les dérives de l’institution dans laquelle ils travaillent ne concernent, outre sa direction, que les quelques petites gens qui ont été recrutés pour y servir la soupe neuro-comportementaliste. Je persiste, évidemment, à assurer ceux-là de mon plus profond mépris.

Daniel Calin

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Une école, un RASED, un inspecteur et la CNIL

Janvier 2005

Oyez, oyez, braves gens, la bien savoureuse histoire d’un petit inspecteur local de l’éducation nationale qui se prenait pour un grand despote en sa circonscription !

Depuis février 2004, un IEN imposait, oralement, que les directeurs d’école lui adressent les listes nominatives des enfants pris en charge par le RASED. En octobre 2004, il le fait par écrit dans une note de service et menace les récalcitrants de suspendre les interventions du RASED. En novembre, une des directrices visées refuse l’envoi de ces listes nominatives et saisit la CNIL. En décembre, l’IEN décide d’arrêter toute aide spécialisée sur le regroupement pédagogique en question et interdit aux membres du RASED de s’y rendre. Lors d’une journée de formation des personnels RASED, cet IEN et l’IEN-AIS annoncent une prochaine généralisation de la collecte de listes nominatives à l’ensemble des circonscriptions. Début janvier, l’IA fait savoir aux directeurs qu’ils doivent obéir à leur supérieur hiérarchique, tout en annonçant, prudemment, qu’il allait lui-même solliciter la CNIL. Le 25 janvier 2005, la CNIL adresse sa réponse à la directrice, par un courrier du directeur des affaires juridiques, contresigné par son président. Cette réponse donne totalement raison à cette directrice, proscrit la transmission de données nominatives à l’inspection, et condamne de surcroît la suspension des activités du RASED par l’inspecteur.

Lisez, en fichier au format RTF, la copie de cette réponse de la CNIL.

Daniel Calin

Mars 2005

Le 15 mars, une délégation des organisations syndicales et professionnelles “représentatives” a été reçue en audience auprès de l’IA, ainsi que la directrice. Cette audience portait sur le fonctionnement des RASED dans le département. Elle a duré près de trois heures, mais la partie concernant la réponse de la CNIL n’a été que fort brève. Elle s’est réduite à de vifs reproches de l’IA à l’encontre de la directrice pour avoir fait sortir cette affaire de “notre grande maison” et pour avoir saisi la CNIL sans en informer auparavant l’IA. L’IEN adjoint à l’IA a proposé un “arrangement” : l’abandon du fichier informatisé au profit de listes manuelles, la reprise des prises en charge des élèves étant subordonnée à la fourniture par la directrice de listes nominatives manuscrites. Il prétendait avoir reçu l’accord téléphonique de la CNIL pour cet arrangement. Faute de documents écrits à l’appui de ces affirmations, la directrice a refusé cet “arrangement”, malgré la menace de considérer ce refus comme une faute professionnelle.

On peut lire le compte-rendu de cette réunion sur le site d’une des organisations syndicales présentes à cette audience. Très révélateur, en particulier par ses silences. Les positions de la directrice n’y sont même pas évoquées. On n’y relève aucune intervention des représentants des organisations syndicales et professionnelles présentes pour appuyer les positions de la directrice, ni même pour simplement faire écho au problème de droit qu’elle soulève. Manifestement, le respect du droit et de la discrétion professionnelle n’étaient ni à l’ordre du jour de cette réunion, ni présents à l’esprit de ses protagonistes.

La responsable de la CNIL, jointe le lendemain, a démenti tout accord oral avec l’IA. Elle a précisé être en attente d’un retour des services juridiques du ministère de l’Education Nationale. Elle a réaffirmé que la CNIL avait demandé à l’IA de revenir sur les interruptions de prise en charge. La directrice a saisi la Ligue des Droits de l’Homme, qui gère désormais le dossier et envisage d’engager une procédure devant le Tribunal Administratif si les autres recours écrits ne suffisent pas.

Daniel Calin

(*) Cet article a depuis disparu du site du SNUIPP 89.

Avril 2005

Dernières nouvelles : les interventions de la Ligue des Droits de l’Homme auprès du ministère et du rectorat semblent avoir porté rapidement leurs fruits : la directrice a reçu un courrier de l’IEN concerné revenant sur l’interdiction des prises en charge RASED dans son école.

Moralité : malgré la pente naturelle bureaucratique des co-gestionnaires syndicalo-administratifs de l’Éducation Nationale, nous sommes encore un pays de droit, en insistant, très fort. Avis à tous !

Daniel Calin

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Sociétés et troubles psychiques

02 juin 2004

Une interrogation récurrente en psychopathologie porte sur les liens éventuels entre troubles psychiques et variations sociales ou culturelles. Question à ce jour sans réponse très convaincante, de par les difficultés considérables de la mise au point et de la conduite d’études comparatives fiables en ce domaine. Or, The Journal of the American Medical Association vient de publier, dans son numéro du 02 Juin 2004, une solide étude conduite sous la responsabilité de l’OMS, portant sur 13 pays, plus Beijing et Shanghai.

Cet article est téléchargeable en version complète au format PDF.

L’étude porte sur de grandes catégories nosographiques, et ne permet donc pas de se prononcer sur les variations de pathologies précises, tout du moins à travers ce qui en est publié par le JAMA. Elle suffit cependant à asseoir l’idée de variations considérables dans les prévalences des troubles psychiques d’une société à l’autre. Consultez les tableaux 2 et 3.

Par chance, la France fait partie des pays retenus dans cette étude. Comme j’en avais de longue date l’intuition, je n’ai pas été outre mesure surpris de lire que les troubles psychiques sont beaucoup plus répandus chez nous que dans des pays pourtant très proches, même pour ce qui est des formes sévères. 18,4 % des adultes, chez nous, souffrent de troubles psychiques plus ou moins affirmés ! Nous sommes, bien entendu (c’est mon anti-américanisme primaire qui parle), largement battus par les USA, dont 26,3 % de la population est mentalement atteinte, pays de loin le plus troublé parmi ceux qui ont été soumis à cette étude. Encore un “retard français” à combler !

Mon italophilie compulsive a eu par contre la surprise et le plaisir de découvrir que l’Italie est, parmi les pays développés étudiés ici, le pays le plus sain mentalement : une prévalence globale de seulement 8,2 % des troubles psychiques. Un Berlusconi ne fait pas l’Italie !

Je m’attendais à des variations sociales des troubles psychiques, ne serait-ce que de par la place que tient Devereux dans ma culture personnelle. Cependant, je ne m’attendais pas à des écarts d’une telle ampleur, surtout entre sociétés a priori aussi proches que la France et la Belgique ou l’Italie, par exemple. Mais ma plus grande surprise n’est pas là. Tenté moi-même d’accorder une plus grande place aux étiologies biologiques dans les troubles sévères que dans les troubles légers, je m’attendais à des variations d’autant plus amples que les troubles étaient moins lourds. Or cette étude met en avant des variations extraordinairement amples pour les troubles sévères, encore bien plus amples, proportionnellement, que pour les troubles légers : d’une prévalence de 1 % des troubles sévères en Italie ou en Espagne à une prévalence de 7,7 % aux États-Unis.

Cette étude, même si le commentaire qui l’accompagne se garde bien de le noter, met sévèrement à mal le tout-neurogénétique en vogue ces dernières années. À moins d’imaginer un étrange fossé neurogénétique entre les Français (18,4 % de personnes psychiquement troublées) et les Italiens (8,2 %) ou les Belges (12 %) ou les Allemands (9,2 %), “certains” vont avoir du mal à continuer à faire comme si la question de “l’environnement” des individus psychiquement troublés était nulle et non avenue !

Daniel Calin

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Réaction à la réforme du CAPSAIS

20 janvier 2004

Une réaction critique de Pascal Ourghanlian (95) :

Voici venu le temps des réformes - une nouvelle fois, donc…

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Du “soutien” aux “aides spécialisées”

13 septembre 2003

Une jeune collègue, qui se présente comme sortante IUFM et “parachutée” maître E dans une commune en REP, me demande : mon plus gros problème est de réussir à ne pas faire de soutien : pourriez-vous m’éclairer ? Comme on peut faire confiance à notre administration pour persister à nommer massivement des personnes sans formation sur les postes qui en supposeraient le plus, je publie ci-dessous ma réponse, à l’intention des probablement nombreux jeunes collègues dans le même cas que ma correspondante.

Vous savez, sans formation spécialisée, si vous faites du bon “soutien”, ce ne sera déjà pas si mal. Ne vous encombrez pas trop de “principes”, souvent assez filandreux d’ailleurs.

Pour répondre cependant à vos questions concernant ces “principes”, on peut dire qu’on reste dans le “soutien” tant qu’on fait peu ou prou refaire en petits groupes ce qui a déjà été fait en classe. C’est le principe pédagogique des leçons particulières, et, quoi qu’on dise, cela fonctionne dans une certaine mesure, pour des raisons relationnelles assez évidentes. On va vers les “aides spécialisées” dans la mesure où l’on s’éloigne de ce qui se fait en classe, où l’on fait des “détours”. Métaphore claire, certes, mais conceptions sous-jacentes au fond très vagues : cela peut déboucher sur un peu n’importe quoi. Pour ma part, en laissant de côté d’éventuelles interventions adaptées à des besoins très particuliers (si ça existe), je ne crois guère qu’à ce qu’on peut appeler au choix : “métacognition”, “gestion mentale”, “entretien d’explicitation”. Peu importent les termes : il s’agit d’accompagner au plus près l’activité MENTALE de l’enfant. Pas de guider son faire, ses actes, mais de guider sa pensée, ses opérations mentales. On ne peut guère faire cela en classe, sinon “à la louche”, donc de façon inadéquate pour les enfants qui en ont le plus besoin. De plus, beaucoup de familles ne savent pas du tout faire cela - ce que je soupçonne fort d’être la source principale des difficultés scolaires de leurs enfants. Les regroupements d’adaptation sont une structure idéale pour ce type d’activités. À votre place, je ferais cela, et uniquement cela. Avec n’importe quel “support”, peu importe, il suffit que ce support “appelle à penser”, ce qui implique surtout que l’activité proposée ne répugne pas trop à l’enfant.

Bon courage !

Daniel Calin

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À propos de la formation des enseignants spécialisés

15 mai 2003

J’ai animé pendant plusieurs années une formation D “en alternance” à l’IUFM de Paris. Cette formation était beaucoup plus “lourde” que celle que le ministère veut imposer, puisqu’elle comportait exactement le même volume horaire global de formation théorique que les formations “classiques” à l’année. Malgré cela, j’ai dû constater, avec mes stagiaires eux-mêmes, malgré toute notre bonne volonté de part et d’autre, que le principe même de la formation en alternance ne fonctionnait pas. Des métiers à forte professionnalité, comme ceux de l’enseignement spécialisé, comme, probablement, tous les métiers hautement spécialisés, exigent une formation théorique forte, incompatible avec tout exercice professionnel concomitant. Nous avons dû mettre un terme à ce type de formation, tout simplement par manque de candidats, nos anciens stagiaires “en alternance” se faisant les meilleurs promoteurs de nos formations “à l’année”.

On n’apprend pas à construire des ponts en construisant des ponts - dieu merci pour tous les usagers des ponts ! La notion même de formation en alternance m’apparaît maintenant, à l’usage, comme une escroquerie intellectuelle. Elle n’est réellement envisageable que pour des “métiers” à faible professionnalité. Les métiers à forte professionnalité ont une dimension intellectuelle déterminante, dont la transmission passe à l’évidence par les voies ordinaires de la transmission intellectuelle, et non par des mises en œuvre collées à la pratique. Or, dans le système éducatif, il y a deux types d’enseignement à professionnalité supérieure : l’enseignement dit “supérieur” de par son contenu disciplinaire, fortement reconnu institutionnellement (c’est le moins qu’on puisse dire !), mais aussi l’enseignement spécialisé. Il faut en effet d’extraordinaires trésors d’intelligence, d’humanité et de professionnalisme pour simplement introduire à la culture écrite des enfants handicapés mentaux, ou des enfants psycho-socialement très défavorisés. Ce que nos autorités s’acharnent à refuser de reconnaître, aussi bien en termes de formation qu’en termes de rémunération. Personne, que je sache, n’a jamais envisagé une “formation en alternance” des universitaires. L’enseignement disciplinaire de haut niveau est fortement reconnu parce qu’il forme les élites. L’enseignement spécialisé, pédagogiquement de haut niveau, n’intéresse au fond personne, parce que nos “élites”, charité mise bien vite à part, se moquent éperdument de tous les enfants abîmés, par leurs gènes ou par les aléas de leur vie. Mépris, arrogance et stupidité : lot commun de TOUS les ministères depuis que je fais mon métier de formateur d’enseignants spécialisés. Bien sûr, JAMAIS je n’ai été consulté, même de loin, à propos d’AUCUNE des réformes mitonnées dans les cuisines ministérielles...

Ce texte a été repris en Tribune libre dans le n° 38 d’Envie d’école, la revue de la FNAREN. Il a également fait l’objet de citations dans diverses publications syndicales.

Daniel Calin

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Ritalin(e) (bis)

14 avril 2003

Les textes anti-psychotropes publiés ci-dessous me valent de temps à autre quelques courriers outragés. Habituellement, je n’y réponds pas. Je n’ai à l’évidence aucune leçon de morale à recevoir de gens qui droguent leurs propres enfants. Ni aucune leçon de science à recevoir de dealers professionnels, fussent-ils habilités par l’Université. La question de l’usage des psychotropes, en particulier avec des enfants, n’est que très secondairement scientifique. Elle appelle, dans l’urgence, une prise de position morale, à l’image de celle d’un groupe de grands pédopsychiatres présentée ci-dessous. Un courrier récent, un peu moins fermé que les autres, m’a amené à reprendre et clarifier ma position. Voici donc ma réponse.

Sans parler de mon expérience professionnelle, ma position sur le Ritalin se fonde d’abord sur les résultats de la Conférence de Consensus sur le TDAH du National Institute of Health, plus que critiques, non seulement sur le Ritalin, mais sur la notion même de TDAH. (voir ci-dessous)

De plus, comme tous les psychotropes, le Ritalin est une drogue, et non un médicament au sens habituel du terme. Il ne “soigne” strictement rien, et même ses promoteurs ne prétendent pas le contraire. Les “études” auxquelles vous vous référez sont financées par son fabriquant et n’ont pas plus de crédibilité que n’importe quel discours de représentant de commerce.

Comme pour tous les psychotropes, l’usage du Ritalin ne me semble tolérable, avec toutes les prudences nécessaires, que dans le cadre d’une prise en charge psychothérapeutique et éducative susceptible de “traiter”, dans la mesure du possible, le fond du problème.

Quant à ce “fond du problème”, les enfants auxquels on accroche cette étiquette neuro-américaine de TDAH sont en réalité les enfants instables et impulsifs que je connais bien de longue date, comme tous les professionnels de l’enseignement spécialisé. Il s’agit toujours d’enfants mal éduqués, et parfois en plus, pour les cas les plus graves, mal maternés. Les errements éducatifs qui produisent ce type d’enfants se multiplient depuis deux ou trois décennies, et la proportion de ces enfants sérieusement perturbés et perturbateurs est en train de flamber, en particulier dans les “bons milieux”.

Il faudrait, pour ce problème comme pour bien d’autres, une politique active de prévention par l’éducation à la parentalité. Dans des sociétés qui ne sont plus régies par aucune tradition, et dans lesquelles les liens intergénérationnels sont souvent distendus ou inexistants, les savoir-faire éducatifs, faute de pouvoir être transmis, doivent être appris, même les plus simples, les plus “évidents”. Faute de quoi les dealers en tous genres ont un bel avenir devant eux.

Quant à la prise en charge de ces malheureux enfants, elle suppose patience, compréhension et fermeté. Et beaucoup de temps. Donc une grande “humanité”, bien loin des distributeurs automatiques de petites pilules du bonheur.

Daniel Calin

Octobre 2004 / Juillet 2005

Voir le rapport d’une commission du Parlement européen, Contrôler le diagnostic et le traitement des enfants hyperactifs en Europe, publié le 7 mai 2002. Ce rapport explore de façon prudente et assez exhaustive la question de “l’hyperactivité” et de son traitement. Ce travail d’enquête fonde un projet de recommandation, resté à ma connaissance sans suite, qui propose : « L’Assemblée parlementaire, soulignant que le principe de précaution doit prévaloir lorsque le doute existe en ce qui concerne les effets à long terme des médicaments (...), estime qu’un contrôle plus strict devrait être exercé sur le diagnostic et le traitement de ces troubles. L’Assemblée estime qu’il faudrait mener davantage de recherches sur l’effet d’un tutorat et de solutions pédagogiques adaptés aux enfants présentant des symptômes de TDAH, sur les effets comportementaux de problèmes médicaux comme les allergies et les réactions d’intoxication, et sur les formes alternatives de traitement comme les régimes spéciaux. ». Elle poursuite, plus explicitement : « L’Assemblée parlementaire est déçue qu’à ce jour, l’industrie pharmaceutique n’ait pas toujours agi de manière à prendre en compte les valeurs et principes du Conseil de l’Europe ; elle souhaite garantir qu’à l’avenir, la communauté médicale et scientifique et l’industrie pharmaceutique agiront dans l’intérêt supérieur de la société en général et invite le Comité des Ministres à surveiller la situation. ». Il propose même en conclusion que « l’Assemblée parlementaire recommande au Comité des Ministres (...) d’inviter l’Organisation mondiale de la santé, en coopération avec l’American Psychiatric Association, à revoir la base de leurs critères de diagnostic pour le TDAH et le trouble hyperkinétique en vue de clarifier et d’harmoniser les critères déterminant le diagnostic et le traitement. »

P.S. : en France, le terme américain Ritalin™ est devenu couramment ritaline, au féminin. Pour une oreille française, ce léger glissement lexical contribue à banaliser ce médicament, en lui donnant une allure phonétique d’antibiotique, médicaments très populaires, d’une efficacité précieuse lorsqu’ils sont convenablement utilisés. Ne pas oublier que le Ritalin™ appartient en réalité à la famille, elle globalement très suspecte, des amphétamines.

Daniel Calin

Novembre 2005

Voir aussi un texte du Dr Vincent, À propos du rapport de l’INSERM sur le ”trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent”.

Février 2008

De la Ritaline à la leucémie : voir ICI.

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Mon orthophonie

12 avril 2003

Faute d’école maternelle au village, longtemps je suis resté collé à ma famille. À six ans, ma bouche ne savait toujours pas articuler les « l ». Une de mes cousines, une grande, s’appelait Lili. Dans ma bouche, son prénom s’effilochait : « i-i, i-i ».

Mon entrée à l’école primaire menaçant, ma grand-mère décida de prendre mes « l » en mains. Elle me fit grimper à califourchon sur ses genoux, tout près de son visage, dans la lumière de son sourire éternel. Commença alors mon orthophonie. Ma grand-mère articulait patiemment « Lili », en me faisant répéter après elle, « i-i ». Elle soulignait son articulation, exagérait, me donnant à voir comment sa langue venait rouler sur l’alignement parfait de ses dents amovibles... Les « l » ont volé bien vite de sa bouche à la mienne.

Après être descendu de ses genoux, j’ai chanté notre victoire à cloche-pied, « lilas-Lili ! lilo-lili ! ». J’étais paré pour entreprendre à l’automne les longues études qui m’avaient été assignées de naissance en tant que fils et petit-fils aîné d’une lignée de paysans mystérieusement lettrés.

Par la suite, j’ai passé le plus clair de mon enfance à contempler le vol des hirondelles, ou à suivre la course du soleil de la plaine aux collines. Aujourd’hui encore, si loin déjà de sa mort, le souvenir souriant de ma grand-mère demeure la meilleure consolation de toutes mes éraflures.

Pauvres enfants d’aujourd’hui, réduits à confier leurs maux de parole à des mercenaires méthodiques ! Et pauvres orthophonistes patentés, que celles ou ceux qui ne savent rien des puissantes vertus médicinales du giron des grands-mères !

Daniel Calin
 

28 janvier 2008

Ce petit mot a été mal pris par certain(e)s orthophonistes. Parfois à tort. S’il est vrai que je déteste le courant techniciste et neurocomportementaliste qui envahit cette profession ces dernières années, je me sens évidemment fort proche des orthophonistes humanistes, en particulier de celles et ceux qui sont regroupés dans la Fédération des Orthophonistes de France, le syndicat professionnel des Orthophonistes qui se reconnaissent dans une approche de l’Orthophonie centrée sur la personne et la relation.

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Pour une médecine scolaire nationale

27 mai 2003

Un second texte proposé par le Dr Élisabeth Villez, qui complète le précédent, en abordant plus au fond la justification de la présence de médecins véritablement intégrés au système éducatif. Le rôle des médecins de l’éducation nationale dans l’intégration scolaire des enfants handicapés me semble particulièrement important, et cela seul devrait suffire à justifier plus un développement de la santé scolaire que son démantèlement. Je suis par contre, évidemment, en désaccord complet avec le passage de ce texte qui concerne les prétendus « troubles essentiels du langage ». Mais ce point me semble, dans les circonstances actuelles, très secondaire par rapport à l’urgence de défendre et promouvoir un service public de santé scolaire intégré au service public d’éducation.

Médecins à l’éducation nationale : un enjeu de santé publique

3 avril 2003

Cette page est habituellement réservée à mes humeurs personnelles. Face aux raffarinades qui entreprennent la démolition du service public d’éducation, je l’ouvre aujourd’hui à une défense et illustration d’une médecine scolaire intégrée à part entière dans l’Éducation Nationale, proposée par le Dr Élisabeth Villez :

Pourquoi les médecins de l’Éducation Nationale doivent y rester !

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SEGPA

30 mai 2001

Les collègues des SEGPA, instituteurs et professeurs des écoles, sont engagés depuis plusieurs semaines dans des actions fortes pour l’alignement de leurs obligations horaires sur celles des autres professeurs des collèges dans lesquels ils enseignent. Le Ministère recommande une meilleure intégration des SEGPA dans les collèges, mais refuse “évidemment” cette forme-là d’intégration de leurs enseignants. J’ai inscrit ce message de soutien sur leur cahier de doléances virtuel. Toutes informations sur leurs sites : Site du collectif 18 heures pour tous en Segpa/Erea de l’Eure et segpa18h.

J’ai un grand respect pour le travail souvent remarquable accompli par les enseignants spécialisés auprès de tous les enfants et adolescents échoués aux marges de notre superbe école de la République. Depuis des décennies, les ministères successifs témoignent d’une remarquable continuité dans le refus de reconnaître la qualité de ce travail, dès lors qu’une telle reconnaissance impliquerait un engagement financier. Au contraire, les attaques contre l’enseignement spécialisé se multiplient, venues du Ministère, ou appuyées par lui, en proportion des économies budgétaires espérées. Il ne faut jamais oublier qu’un enfant “intégré” coûte au bas mot 10 fois moins qu’un enfant en établissement spécialisé ! Thatcherisme rampant, masqué sous la bonne conscience caritative en granit d’une Madame Royal, ou les paillettes médiatiques d’un Monsieur Lang. Arrogance et mépris. Et l’on s’étonne ensuite des difficultés de recrutement dans l’AIS ! Soutien et encouragement, donc, aux collègues de SEGPA engagés dans les actions pour les 18 heures pour tous au collège.

Daniel Calin

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Hyperactivité et Ritalin

27 octobre 2000

Lire absolument, sur le site des Éditions SRP (Québec), le compte-rendu ravageur d’une étude sur l’hyperactivité (ou TDAH =Trouble de Déficit d’Attention/Hyperactivité) et le Ritalin par lequel on pense traiter ce prétendu trouble.

On peut y lire, entre autres, les choses suivantes :

« Malgré les intentions exprimées d’aider ces enfants, ce moyen commode, efficace et accessible, pour calmer les enfants dérangeants, dorénavant socialement accepté et déculpabilisé, semble être devenu au fil du temps, l’outil de dernier recours par excellence dans le milieu scolaire, pour assurer le maintien de l’ordre dans les classes de l’école élémentaire, car les enfants ainsi traités deviennent passifs, c’est-à-dire qu’ils cessent de “déranger”, et sont apparemment systématiquement ensuite laissés à eux-mêmes, sans aide supplémentaire. »

« En novembre 1998, après 30 ans de tâtonnements, d’études et d’expérimentations, le texte final de la Conférence de Consensus sur le TDAH du National Institute of Health aux États-Unis déclarait sans équivoque : “Il n’y a aucune donnée qui indique que le TDAH est causé par un dysfonctionnement du cerveau.” »

« Chez les sujets médicamentés, les psychostimulants semblent améliorer la concentration et l’effort tout en minimisant l’impulsivité et augmentant la docilité pour une courte période initiale d’environ 7 à 18 semaines, pour ensuite perdre toute efficacité. »

« Les effets indésirables possibles de la médication sont la diminution de l’appétit, la difficulté à s’endormir, des effets néfastes sur la cognition (créativité et spontanéité diminuées) et sur l’image de soi, des comportement stéréotypés, l’agitation, la nervosité, l’instabilité émotive, et plus rarement, des exacerbations ou émergences de tics moteurs ou verbaux et de comportement psychotiques. Les effets à long terme sont inconnus. Des symptômes de dépression et de dépendance psychologique sont notés, ainsi que le plafonnement de la courbe de croissance, des maux de tête et de ventre. »

CQFD

Voir ci-dessous Ne bourrez pas les enfants de psychotropes !

Voir ci-dessus Ritalin (bis)

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Mél au bout du monde

Octobre 2000

Certains de mes visiteurs seront peut-être intéressés par ce courrier extrait d’une correspondance avec une ancienne stagiaire néo-calédonienne... La Nouvelle-Calédonie est un (très grand) caillou montagneux perdu dans les immensités marines du Pacifique. La colonisation y est très récente (elle n’a guère démarré vraiment qu’aux alentours de 1900), et elle n’a sérieusement touché qu’une partie de l’île (mais très violemment)... Seul le christianisme a pénétré partout, mais plutôt “en douceur” et “de l’intérieur”, plutôt en infléchissant l’univers mental kanak qu’en le bouleversant... Tout ceci pour dire que cet univers kanak, hormis aux portes de Nouméa (et encore), reste extraordinairement “préservé”, vivace. La logique “tribale”, au sens ethnologique, y conserve une sorte de “pureté” exceptionnelle. Autrement dit encore, on peut difficilement imaginer un univers humain plus éloigné du nôtre... Par exemple : techniques très pauvres (même en prenant comme référence les autres univers tribaux du Pacifique !) et sophistication extrême des rapports humains...

Ce que vous écrivez de la situation en Nouvelle-Calédonie me réconforte et m’attriste en même temps. J’ai beaucoup aimé les gens là-bas, tous, quelque chose comme une “atmosphère humaine” diffuse...

Que les Kanaks soient en train de faire le choix de la francophonie me réjouit profondément. C’est la seule langue commune possible pour eux : 28 langues, je crois, pour 80 000 Kanaks, parfois aussi différentes que le français et le chinois. Ce choix, nouveau, est un excellent signe de maturité politique. À l’extrême opposé des choix faits en Algérie, où le pouvoir promeut depuis des années l’arabisation, alors même que le pays devient francophone en profondeur (c’est d’ores et déjà le deuxième pays francophone)... Que les enfants de certaines tribus restées structurées selon leur organisation coutumière arrivent maintenant à l’école maternelle en parlant déjà passablement le français, et soient maintenant globalement de bons élèves est aussi un excellent signe de maturation politique en profondeur. La France des nationalistes antimondialistes pourrait en prendre de la graine. Tout “peuple”, aujourd’hui comme toujours, ne peut vivre qu’en se transformant, et la difficulté pour tous les peuples est de se transformer sans se désorganiser (comme pour les individus d’ailleurs). C’est particulièrement difficile pour les peuples qui sont tout juste en train d’accéder à l’historicité, donc qui n’ont aucune habitude de l’évolution - ce qui est à l’extrême le cas des Kanaks. Cette situation m’inquiétait beaucoup, et j’en avais souvent parlé avec des stagiaires Kanaks (et d’autres personnes là-bas). La crispation identitaire n’aurait pas manqué de précipiter le peuple kanak dans son ensemble vers la désespérance, la désorganisation, et finalement l’autodestruction, en particulier par l’alcoolisme. Qu’une partie au moins de la population kanak prenne une voie plus courageuse, plus tonique et mieux adaptée, est une excellente nouvelle. Je crois que nombre de femmes et certains jeunes hommes intellectualisés non dogmatiques y sont pour beaucoup - souvenirs de rencontres, ici ou là-bas, avec des personnes d’une “intelligence humaine” lumineuse...

Malheureusement, d’autres sont sur la touche, se désorganisent et s’autodétruisent. Alcool, violences, éclatement familial. Classique, et désespérant. Ce que les enseignants peuvent alors faire de mieux, c’est injecter du sens, par tous les moyens, depuis le sens de l’école jusqu’au sens de l’histoire en passant par le sens de la vie... En s’appuyant, par chance, sur l’exemple des groupes qui s’en sortent en alliant judicieusement tradition et modernité, identité et transformation.

Tout cela vaut, avec les aménagements nécessaires, pour les publics d’enfants, et plus encore d’adolescents, dont les problèmes sont de l’ordre de la perte de repères. C’est-à-dire pour pratiquement tous les enfants de l’AIS. Même les enfants handicapés stricto sensu souffrent au moins autant de difficultés identitaires liées aux perturbations relationnelles avec leur entourage induites par leur handicap que de leur handicap en lui-même (voyez le cas Francis dans l’ouvrage coécrit avec Hélène Garrel). Sauf bien sûr pour les handicaps extrêmes...

Par rapport à cela, je crois que les histoires de grilles et tests en tous genres, ainsi que tous les “-ismes” de passage dans les modes pédagogiques du moment, sont des arbres qui cachent la forêt, et qui sont là pour ça : pour éviter de se coltiner avec la question du sens (de l’école, etc.), ce qui n’est pourtant pas difficile en soi, mais ce qui oblige à se mouiller jusqu’au coup et même au-delà. Y compris comme formateur !

Daniel Calin

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Jackerie

Juillet 2000

Un Brevet informatique et Internet à la sortie de l’école primaire !

Et pourquoi pas un Brevet Cartable ou un Brevet Bibliothèque ?

B-A BA de l’utilisation pédagogique de l’informatique : l’informatique n’est pas une nouvelle matière à apprendre, mais un nouvel outil pour apprendre. Sauf évidemment en formation professionnelle à ... l’informatique !

Daniel Calin

Août 2005

Je suis stupéfait que, cinq ans après, ce “machin” absurde de B2i persévère dans l’existence. Encore une manifestation de ce besoin structurel de tous les imbéciles qui pullulent dans notre hiérarchie de se donner de l’importance avec des poudres de perlimpinpin !

Daniel Calin

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Du bon usage de la “dyslexie”

13 juin 2000

En relation avec mon texte sur Les réactions psychiques à l’échec scolaire, un de mes lecteurs m’a récemment demandé mon avis sur les tentatives actuelles de certains “cognitivistes” de faire de l’échec scolaire en général une conséquence directe de la dyslexie. Cette question mérite d’autant plus d’être posée que les “cognitivistes” s’implantent de plus en plus dans les IUFM, et que leurs thèses sont bien relayées par une partie de la hiérarchie de l’Éducation Nationale. Voici l’essentiel de ma réponse :

1/ D’une manière générale, je me méfie beaucoup de ce que l’on appelle maintenant psychologie cognitive ; il y aurait beaucoup à dire là-dessus, en particulier en ce qui concerne la filiation comportementaliste cachée ou proclamée de ce courant. Cette prétendue psychologie cognitive est pour l’essentiel une construction idéologique pseudo-scientifique destinée à évacuer les vraies problématiques psychiques, et tient son succès de ses vertus anti-psychologiques. Voir Qu’est-ce qu’un fait psychique ?

2/ Je ne saurais évidemment admettre la réduction de l’échec scolaire à la dyslexie. Du point de vue qui est le mien, proche des praticiens, c’est une absurdité. Ne serait-ce que parce que nous observons très souvent de parfaits déchiffreurs, parfois même bons scripteurs, donc, apparemment, pas du tout dyslexiques, bien au contraire, qui sont pourtant en échec scolaire total, y compris en français, faute du moindre accès au sens...

3/ Enfin et par-dessus tout, je ne crois guère à la dyslexie au sens où vous employez ce terme, c’est-à-dire au modèle neurologique de la dyslexie. Là encore, c’est une question de pratique : je n’ai jamais rencontré un élève dont la dyslexie appelait une explication neurologique, et pourtant j’en vois beaucoup, depuis des années. Le plus souvent, les étiologies “crèvent les yeux” - pour peu que l’on accepte de voir, et que l’on ait le recul suffisant pour voir, ce qui revient sûrement au même. Et ces étiologies oscillent toujours entre le socio-culturel et le psycho-familial, avec, le plus souvent, un sac de nœuds entre ces deux registres. À vrai dire, on ne fait guère appel, “sur le terrain” comme on dit, au modèle neurologique, que lorsque le môme en difficulté est plus ou moins “de bonne famille”, donc lorsqu’il est hors de question “d’inquiéter” sa famille. Les neurosciences sont une extraordinaire machine à déculpabiliser les classes plus ou moins aisées par rapport aux difficultés de leurs rejetons - à une époque où ces classes “aisées” en ont bien besoin, vue la multiplication de leurs errances éducatives...

Autrement dit, au fond, on retrouve ici les mêmes motivations, idéologiques et sociales, sous couvert de scientificité comme d’habitude, qu’avec l’usage croissant des psychotropes pour soigner les difficultés des enfants, c’est-à-dire, essentiellement, pour éliminer la gêne qu’ils causent aux adultes. Voir ci-dessous.

Daniel Calin

23 septembre 2002

Toujours à propos de la “dyslexie”, ne pas manquer le Commentaire pas à pas du rapport Ringard, par André Inizan. Ce fameux rapport Ringard est le torchon idéologique sur lequel s’est appuyée notre “gauche” gouvernante pour pondre un malencontreux plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral ou écrit.

Voir aussi l’excellent article de Jacques Fijalkow, Dyslexie : le retour (texte au format Word, téléchargeable ou visualisable, au choix ou selon votre système), publié dans le numéro 47 de la revue Psychologie et éducation (décembre 2001).

Daniel Calin

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Ne bourrez pas les enfants de psychotropes !

À lire absolument dans Le Monde du samedi 27 mai 2000, page 20, un article intitulé : Ne bourrez pas les enfants de psychotropes !

Sous la signature de :
Claude Bursztejn, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Louis-Pasteur de Strasbourg.
Jean-Claude Chanseau, pédopsychiatre et président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.
Claudine Geissmann-Chambon, pédopsychiatre-psychanalyste et présidente de la Fédération française de psychothérapie psychanalytique de l’enfant et de l’adolescent.
Bernard Golse, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université René-Descartes-Paris-V.
Didier Houzel, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université de Caen.

Conclusion de cet article-manifeste :

(...) « nous souhaitons affirmer les positions suivantes, assurés d’exprimer ici les idées de la majorité des psychiatres d’enfants et d’adolescents de notre pays :

- les enfants méritent mieux qu’une approche seulement médicamenteuse de leurs troubles et de leurs difficultés psychiques ;

- une évolution dans ce sens de la pratique pédopsychiatrique ne saurait constituer en soi un critère de modernité. Le réductionnisme opératoire ne peut en rien être comptabilisé comme un progrès de la pensée, ni de la qualité des soins offerts aux patients et nous nous inscrivons en faux contre l’idée que toute référence à la complexité de l’être humain et de sa souffrance serait à mettre au rang des accessoires démodés 

- les développements de la psychiatrie du bébé et de la psychiatrie périnatale nous incitent à une particulière vigilance quant à l’utilisation des chimiothérapies à ces âges ;

- les enfants et leurs familles ont droit à une approche pluridimensionnelle des troubles psychopathologiques et psychiatriques. La prescription de psychotropes peut y trouver sa place, mais une place non exclusive, prudente, modérée et qui soit clairement inscrite au sein d’un projet thérapeutique global et cohérent. Faute de quoi, c’est la population entière qui se verra brutalement spoliée des multiples acquis en matière de troubles mentaux de l’enfance et de l’adolescence, acquis issus des approches phénoménologiques, psychanalytiques, sociologiques, transculturelles...

Le caractère quelque peu abrupt de ces lignes se trouve justifié, à nos yeux, par les dangers qui s’accumulent aujourd’hui quant à l’avenir de la pédopsychiatrie, c’est-à-dire quant à l’avenir de la croissance psychique des enfants auxquels nous devons assistance et soin dans le respect de leur dignité. »

Je ne peux que me réjouir de voir quelques-uns des plus grands noms de la pédopsychiatrie française se dresser enfin contre la nouvelle barbarie “neuroscientifique”, et « le poids des intérêts de l’industrie pharmaceutique » qui l’alimente.

Daniel Calin

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